LILLE (Reuters) - Martine Aubry s'est efforcée lundi d'apaiser ses relations avec le Premier ministre Manuel Valls, affirmant que son seul objectif était d'être "utile", après avoir réclamé la veille une "inflexion de la politique économique du gouvernement".
L'ex-première secrétaire du Parti socialiste, souvent perçue comme un recours à gauche pour mener une autre politique réclamée par les "frondeurs" du PS, a annoncé dimanche sur Europe 1 qu'elle parlerait "dans quelque temps" et qu'elle ferait des propositions par écrit cette semaine.
"Quand la situation n'est pas bonne, il faut trouver des solutions. C'est ce que je dis à Manuel. Il faut simplement discuter. Pourquoi se crisper ?", a-t-elle dit lundi en marge d'un déplacement à Lille, la ville dont elle est le maire.
"Je me suis tue pendant deux ans. Mon seul objectif ce n'est pas de gêner mais d'être utile pour que le président et le gouvernement réussissent. Je ne suis pas là pour faire un jeu de ping-pong à l'extérieur", a-t-elle dit à des journalistes.
Martine Aubry, qui dit ne pas se placer pas dans une logique de recours, a reconnu que ses propos, qui avaient provoqué une réplique de Manuel Valls, avaient pu être mal interprétés.
En déplacement à Bologne, en Italie, le Premier ministre lui avait répondu dimanche en rejetant l'idée que le gouvernement français pratique une politique d'austérité et avait rappelé que Lille avait bénéficié de renfort de policiers.
Martine Aubry a reconnu lundi l'apport de 201 policiers sur l'année écoulée mais a insisté sur le fait que "la réduction des déficits ne peut pas se faire au détriment de la croissance".
"Comme nous sommes dans un parti démocratique, (...) pour les réponses à apporter, je le ferai dans le cadre de mon parti, le Parti socialiste, et Jean-Christophe Cambadélis a eu cette intelligence de lancer les états généraux pour que les débats puissent avoir lieu mais puissent avoir lieu au sein du parti."
En juillet dernier, Martine Aubry était sortie de son silence lors d'une conférence de presse à Paris en estimant qu'il n'était "pas trop tard pour réussir le quinquennat"
"Si depuis deux ans, dans tous les domaines, on avait eu une grande vision et une méthode, on aurait eu un peu moins de problèmes", avait-elle souligné.
Dès l'annonce par Manuel Valls, le 29 août, que l'encadrement des loyers serait limité à Paris, la maire de Lille avait annoncé que ce serait aussi le cas dans sa ville.
(Pierre Savary, édité par Yves Clarisse)