par Julien Ponthus
BAGDAD (Reuters) - François Hollande s'est rendu vendredi en Irak pour une visite d'une journée destinée à préparer avec le président Fouad Massoum la stratégie de lutte contre l'Etat islamique qui doit être validée lundi lors d'une conférence internationale à Paris.
A son arrivée à Bagdad, le président français s'est entretenu pendant environ une heure avec son homologue irakien, avec lequel il co-présidera la conférence de Paris.
"Vous affrontez un ennemi, un groupe terroriste qui n'a pas de frontières mais des intérêts territoriaux, qui ne veut pas simplement faire la guerre à l'Irak mais à tous les peuples qui ne partagent pas cette vision fondée sur la terreur", a dit François Hollande devant la presse.
"L'objet de cette conférence, c'est de coordonner les aides, les soutiens, les actions pour l'unité de l'Irak et contre ce groupe terroriste", a-t-il ajouté aux côtés de Fouad Massoum, qui a remercié la France pour son engagement.
Paris avait posé comme préalable à l'organisation de cette conférence la constitution d'un gouvernement irakien représentant les différentes communautés du pays.
Aussi la visite du président français est-elle l'occasion d'apporter un soutien politique à l'équipe formée autour du nouveau Premier ministre chiite Haïdar al Abadi, adoubé par le Parlement irakien lundi.
Alors que le président américain Barack Obama a autorisé des frappes aériennes en Syrie et un renforcement de l'intervention militaire en Irak, François Hollande souhaite insister sur les autres domaines de coopération.
Elimination des sources de financement, d'approvisionnement ou de recrutement de djihadistes, contrôle des frontières mais aussi formation de l'armée irakienne : Paris compte mettre tous les enjeux sur la table lundi prochain.
ÉTAPE AU KURDISTAN
Le chef de l'Etat a souligné que la "solidarité de la France" était "politique", "sécuritaire" et "humanitaire", et a exprimé l'espoir qu'elle ouvre un nouveau chapitre des relations entre les deux pays.
"Cette solidarité n'est pas simplement le reflet de notre amitié mais également notre intérêt commun dans la lutte contre le terrorisme et aujourd'hui, c'est un temps nouveau", a-t-il dit.
"Je veux que les relations entre la France et l'Irak prennent une force nouvelle, c'est bien le sens également de ma présence ici."
L'avion transportant le chef de l'Etat français, accompagné de ses ministres des Affaires étrangères et de la Défense, Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian, devait ensuite mener la délégation à Erbil, au Kurdistan.
La France y apporte 15 tonnes d'aide humanitaire, dont des tentes et du matériel sanitaire.
A Erbil, François Hollande rencontrera le président du gouvernement régional du Kurdistan, Massoud Barzani, puis ira à la rencontre de personnes déplacées et des ONG.
Laurent Fabius s'était rendu le 10 août à Erbil alors que de nombreux civils fuyaient l'avancée de l'Etat islamique (EI).
Le ministre des Affaires étrangères y avait évoqué la possibilité de fournir des armes aux forces kurdes irakiennes, une décision qui a été mise en oeuvre depuis.
La question des minorités Yazidis mais particulièrement des populations chrétiennes d'Irak qui ont fui l'avancée des djihadistes est devenue en France un sujet particulièrement sensible. Des associations accusent le gouvernement de ne délivrer qu'au compte-gouttes les visas pour la France promis aux réfugiés tandis que certains hommes politiques s'opposent à un accueil massif en France de chrétiens d'Irak et d'Orient.
(édité par Gregory Blachier)