PARIS (Reuters) - Rémy Cointreau, toujours plombé par la baisse de ses ventes de cognac haut de gamme en Chine, a surpris le marché jeudi avec un résultat opérationnel moins dégradé que prévu au premier semestre de son exercice 2014-2015.
Le groupe, propriétaire du cognac Rémy Martin, de la liqueur Cointreau ou du rhum Mount Gay, a publié un résultat opérationnel en baisse de 14,6% (à taux de change constants) à 102,1 millions d'euros, un chiffre cependant nettement supérieur au consensus Thomson Reuters I/B/E/S qui était de 89 millions, ce qui dope le titre en Bourse.
Les analyses relèvent que cette performance est à mettre à l'actif d'une maîtrise des coûts et des dépenses de marketing ainsi qu'à la solide activité des liqueurs et spiritueux.
Rémy Cointreau a également confirmé sa prévision d'un retour à la croissance organique de ses ventes et de ses résultats sur l'ensemble de l'exercice, malgré un environnement macroéconomique qualifié de "contrasté au niveau mondial".
La marge opérationnelle courante a chuté de 2,2 points à 21,6%, contre 23,8% un an auparavant, pénalisée par la baisse de la rentabilité de Rémy Martin, tombée à 28,2% (contre 34,3% en données pro forma), avec un résultat opérationnel qui a décroché de 27,7% à 78,0 millions d'euros.
Rémy Cointreau pâtit comme ses concurrents LVMH (propriétaire de Hennessy) et Pernod Ricard (Martell) des mesures anti-corruption prises par Pékin qui ont mis un coup d'arrêt aux cadeaux d'affaires et aux banquets arrosés.
Mais sa rentabilité souffre davantage compte tenu de sa plus forte exposition aux eaux-de-vie les plus chères (catégories XO, sans parler du Louis XIII, cognac ultra haut de gamme à plus de 2.000 euros la bouteille), les plus touchées par ces mesures.
Les ventes de Rémy Martin en Chine représentent environ 20% du chiffre d'affaires du groupe et 30% à 35% de son résultat opérationnel, selon les estimations des analystes.
Le groupe avait déjà fait état en octobre d'un chiffre d'affaires en recul de 15,5% (-5,6% à taux de changes constants) sur la période allant d'avril à septembre.
Il avait alors dit tabler sur une stabilisation des ventes des grossistes en Chine, tout en précisant qu'en raison d'un nouvel an tardif en 2015 (19 février), le rebond des ventes ne devrait pas intervenir avant le dernier trimestre de l'exercice.
Les contre-performances du cognac contrastent avec les brillants résultats du pôle liqueurs et spiritueux, dont le résultat opérationnel courant a rebondi de 44,6% à 25,8 millions d'euros et la marge à 19,9% (contre 16,6%), avec une solide performance de Cointreau aux Etats-Unis, une croissance à deux chiffres pour la liqueur grecque Metaxa et un doublement des ventes du whisky très haut de gamme Bruichladdich.
Le résultat net part du groupe recule de 9,4% à 62,7 millions d'euros, mais progresse de 5,7% à taux de change constants.
(Pascale Denis, édité par Dominique Rodriguez)