LONDRES (Reuters) - Après plusieurs tentatives repoussées par sa cible, le groupe pharmaceutique américain AbbVie a annoncé vendredi avoir conclu le rachat du britannique Shire pour environ 32 milliards de livres (40,5 milliards d'euros), une opération qui lui permettra de diversifier son portefeuille de produits tout en réduisant ses impôts.
AbbVie, qui réalise aujourd'hui près de 60% de son chiffre d'affaires avec un seul produit, l'Humira, un traitement de la polyarthrite rhumatoïde, déboursera 24,44 livres en numéraire et 0,896 action nouvelle AbbVie pour chaque action Shire, soit une valeur globale de 52,48 livres sur la base du cours de clôture d'AbbVie jeudi et 53,19 livres sur la base du cours moyen pondéré des 30 dernières séances.
A la Bourse de Londres, l'action Shire gagnait 2,7% à 49,37 livres à 9h42 GMT.
Shire, créé au Royaume-Uni mais dont le siège est à Dublin, produit entre autres des traitements de certaines maladies rares et de l'hyperactivité, et réalise la majeure partie de ses ventes sur le marché américain.
Le groupe américain prévoit de créer une nouvelle structure dont le siège sera situé sur l'île anglo-normande de Jersey. Le taux effectif d'imposition de celle-ci sera de 13% contre environ 22% actuellement pour AbbVie aux Etats-Unis, ce qui pourrait faire de l'opération l'une des plus importantes transactions motivée par des raisons fiscales.
Ce mécanisme dit d'"inversion fiscale" avait déjà été à l'origine de la tentative avortée de rachat d'AstraZeneca, l'un des grands noms de la pharmacie britannique, par l'américain Pfizer pour près de 70 milliards de livres.
Le PDG d'AbbVie Richard Gonzales a déclaré que le nouveau groupe bénéficierait de la meilleure plateforme de développement de produits, d'un réseau plus solide et de meilleures capacités en recherche et développement. "La fusion d'AbbVie et de Shire est avantageuse pour les actionnaires des deux groupes", a-t-il dit.
Lundi, le conseil d'administration de Shire s'était dit disposé à recommander une offre d'AbbVie à condition qu'elle soit une nouvelle fois améliorée, alors qu'il avait rejeté les quatre propositions précédentes.
Par ailleurs, le laboratoire britannique a relevé vendredi ses objectifs annuels et anticipe désormais une croissance de 30 à 35% de son bénéfice non-GAAP par ADS, contre 25 à 30% auparavant.
Shire a fait état d'un chiffre d'affaires record de 1,5 milliard de dollars pour le deuxième trimestre et d'un bond de 42% de son résultat non-GAAP par ADS, à 2,67 dollars.
(Paul Sandle, Marc Angrand et Mathile Gardin, édité par Wilfrid Exbrayat)