Par Geoffrey Smith
Investing.com -- Les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine se poursuivent, mais la réunion la plus importante se tiendra sans doute à Rome, où les responsables américains tenteront d'avertir la Chine de ne pas saper les sanctions occidentales et d'envoyer une aide militaire à la Russie. Les actions chinoises chutent alors que le centre manufacturier de Shenzhen est contraint à un confinement de type Covid-19. Et l'Iran s'en prend à des cibles américaines et israéliennes en Irak, compliquant les efforts pour relancer les négociations sur son programme nucléaire. Voici ce que vous devez savoir sur les marchés financiers ce lundi 14 mars.
1. Une diplomatie frénétique
Les marchés européens ont évolué positivement grâce aux nouveaux espoirs de progrès dans les discussions de paix entre la Russie et l'Ukraine, malgré les signes d'escalade du conflit au cours du week-end.
Un certain nombre de réunions importantes auront lieu au cours de la journée. La plus importante d'entre elles pourrait être celle entre le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan et le haut diplomate chinois Yang Jiechi à Rome. Les États-Unis ont averti ce week-end que la Russie avait demandé à la Chine une aide militaire pour soutenir son offensive. La Russie a intensifié sa campagne aérienne et d'artillerie au cours du week-end, frappant des cibles plus à l'ouest, près de la frontière avec la Pologne, membre de l'OTAN.
Par ailleurs, les ministres des finances de la zone euro se réunissent pour discuter, entre autres, du renforcement des sanctions à l'encontre de la Russie, notamment en ce qui concerne ses exportations d'énergie.
2. Les actions chinoises dégringolent alors que Shenzhen et Jilin se verrouillent en raison du Covid
La politique chinoise du zéro-covid montre des fissures de plus en plus importantes. Le centre de fabrication de haute technologie de Shenzhen, qui abrite deux usines appartenant au fabricant d'iPhone Foxconn (TW:2354), a fermé ses portes en raison du nombre croissant de nouvelles infections. Les entreprises seront fermées pendant une semaine entière.
La région de Jilin, dans le nord-est du pays, à la frontière avec la Corée du Nord et la Russie, est également en train de verrouiller la vie commerciale et sociale pendant une semaine. Ces mesures interviennent alors que la ville de Hong Kong continue de subir l'un des taux de décès et de nouvelles infections les plus élevés au monde, après que la variante hautement transmissible Omicron a franchi le cordon sanitaire de la ville.
Le Covid n'est pas la seule chose qui a troublé les marchés chinois lundi. L'action de Tencent (OTC:TCEHY) a plongé à la suite d'informations selon lesquelles la banque centrale allait infliger la plus grosse amende jamais infligée au pays pour lutter contre le blanchiment d'argent, ce qui a fait chuter l'indice Hang Seng TECH de 11 % en cours de journée, avant de clôturer en baisse de 4,3 %. La crainte d'une radiation de la cote aux États-Unis continue de peser sur les valeurs technologiques chinoises avant les négociations Sullivan-Yang.
3. Les actions devraient ouvrir en hausse
Les marchés boursiers américains devraient ouvrir en hausse, les algorithmes de négociation ayant au moins cru aux espoirs de paix.
Les échanges devraient rester modérés avant la réunion de politique générale de la Réserve fédérale qui s'achève mercredi. Ni le calendrier des données, ni celui des résultats ne contiennent de mouvements majeurs sur le marché.
A 12h15, les Dow Jones futures étaient en hausse de 331 points, soit 1,0%, tandis que les S&P 500 futures étaient en hausse de 0,9% et les Nasdaq 100 futures de 0,7%. Le rendement de référence du Trésor américain à 10 ans a toutefois augmenté de 9 points de base, à 2,09%, dans un contexte de préoccupations persistantes concernant l'inflation. Il est désormais à son plus haut niveau depuis juillet 2019.
Les actions en ligne de mire pourraient inclure toutes celles qui ont suspendu ou abandonné leurs activités en Russie au cours des trois dernières semaines, après les avertissements de Moscou selon lesquels ces actifs sont susceptibles d'être placés sous administration publique, un grand pas vers l'expropriation.
4. L'Inde s'efforce d'alléger la pression sur la Russie
La Chine n'est pas la seule à soutenir la Russie. Des responsables indiens ont déclaré lundi qu'ils étudiaient les moyens de faire en sorte que l'Inde puisse continuer à commercer avec elle malgré les sanctions occidentales.
"La Russie propose du pétrole et d'autres produits de base à un prix fortement réduit. Nous serons heureux de l'accepter", a déclaré Reuters, citant un responsable du gouvernement indien, ajoutant que les questions relatives aux navires-citernes et aux assurances doivent encore être réglées.
Les détracteurs des sanctions ont fait valoir qu'elles accéléreraient le développement de systèmes de paiement internationaux alternatifs, érodant à terme le statut hégémonique du dollar dans le commerce international.
Le comportement de l'Inde est susceptible d'avoir une forte influence sur de nombreux pays moins développés qui dépendent de la Russie en particulier, non seulement pour leur énergie mais aussi pour leurs importations de céréales.
D'autres pays, cependant, ont continué à ajouter à la pression internationale sur l'économie russe. Les régulateurs des Bermudes, qui supervisent une grande partie du marché mondial de la réassurance, ont déclaré qu'ils allaient retirer tous les certificats de navigabilité des avions exploités par la Russie en raison de l'impossibilité d'effectuer des contrôles. Cette mesure mettra effectivement fin aux vols internationaux des compagnies aériennes russes.
5. Le pétrole chute en raison de facteurs chinois et indiens
Les prix du pétrole brut ont fortement chuté, les facteurs susmentionnés ayant tous forcé une réévaluation de l'équilibre mondial entre l'offre et la demande.
À 12h25, les contrats à terme sur le brut américain étaient en baisse de 5,4% à 103,47 $ le baril, tandis que les contrats à terme sur le brent étaient en baisse de 4,2% à 107,98 $ le baril.
Les blocages chinois, en particulier, sont susceptibles d'avoir un impact notable sur la demande mondiale, mais tout effort de la Chine et de l'Inde pour assurer la poursuite des flux d'énergie en provenance de Russie est également susceptible de peser sur les prix.
Ces facteurs l'emportent sur l'évolution de la situation en Irak ce week-end, où des frappes sur des sites opérés par les États-Unis et Israël par l'Iran et ses mandataires ont porté un coup aux espoirs d'une reprise rapide des pourparlers sur la levée des sanctions contre la République islamique.