La croissance française devrait fléchir au quatrième trimestre, essentiellement sous l'effet des attentats du 13 novembre à Paris, mais elle trouvera un nouvel élan au premier semestre 2016, permettant au chômage de refluer légèrement, selon les prévisions de l'INSEE publiées jeudi.
Dans sa dernière note de conjoncture, l'Institut national des statistiques et des études économiques table désormais sur une hausse du Produit intérieur brut (PIB) de 0,2% au quatrième trimestre, contre 0,4% prévu jusqu'alors.
Le dernier trimestre de l'année devrait être donc marqué par un ralentissement par rapport au troisième trimestre, au cours duquel la France avait enregistré une augmentation de 0,3% de son PIB.
La révision à la baisse pour le quatrième trimestre n'aura toutefois aucun impact sur la prévision de croissance pour l'ensemble de l'année, estimée par l'Insee à 1,1%, un "niveau inédit depuis quatre ans" mais qui reste inférieur à celui de la zone euro (1,5%), selon Dorian Roucher, chef de la division Synthèse conjoncturelle à l'Insee.
Le gouvernement table lui aussi sur une croissance de 1,1% en 2015.
Parmi les facteurs ayant amené l'institut de statistiques à réviser ses prévisions pour les trois derniers mois de 2015 figure en premier lieu l'impact des attentats du 13 novembre à Paris.
Leurs effets sur l'économie - et essentiellement dans les services d'hébergement-restauration, de loisirs et de transport - sont chiffrés par l'Insee à 0,1 point de PIB au quatrième trimestre, une estimation en ligne avec celles du Trésor et de la Banque de France.
L'indicateur de climat des affaires a d'ailleurs légèrement fléchi en décembre, plombé par les secteurs des services et du commerce de détail, plus touchés par les conséquences de ces attaques.
Mais d'autres facteurs ont pesé sur la croissance trimestrielle, à savoir la douceur exceptionnelle des températures qui amène à une "baisse des dépenses de chauffage", et un "trou d'air dans la consommation des produits manufacturés", notamment en automobiles, a expliqué M. Roucher lors d'une conférence de presse.
Malgré tout, "les déterminants fondamentaux de la consommation des ménages" devraient rester "solides", a-t-il jugé.
- Accélération début 2016 -
Dès lors, l'activité économique française devrait retrouver de l'élan en 2016 et enregistrer une croissance de 0,4% aussi bien au premier qu'au deuxième trimestres, selon l'Insee qui estime que les effets des attentats devraient se dissiper.
Dans ce contexte, les créations d'emplois dans le secteur marchand devraient s'accélérer et le taux de chômage, qui a atteint un niveau inédit depuis 1997, devrait commencer à refluer légèrement d'ici à la mi-2016, pour atteindre 10,0% en métropole et retrouver son niveau du premier semestre 2015.
Une telle baisse, bien que minime, conforterait le président de la République François Hollande, qui a souvent dit qu'il n'aurait pas la légitimité pour briguer un second mandat en 2017 si le chômage ne baissait pas de manière "crédible" en 2016.
Au premier semestre, l'économie devrait continuer de profiter de "la dépréciation de l'euro", de "la chute du (cours du) pétrole" et de "la baisse des taux d'intérêt", a indiqué en conférence de presse Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture.
Par ailleurs, l'investissement dans le logement des ménages devrait cesser de baisser après deux ans de recul, desserrant un "frein" spécifique à l'économie française. "La légère reprise des mises en chantier de logements neufs" est dans cette optique un bon signal.
De façon plus générale, dans un contexte de pouvoir d'achat dynamique, la consommation des ménages devrait "accélérer progressivement dans les services" au premier semestre 2016, et rebondir "par contrecoup dans les autres postes", indique l'Insee dans sa note.
L'inflation devrait pour sa part rester faible d'ici mi-2016 à +0,2% en juin.
En outre, le taux de marge des entreprises devrait continuer de se redresser, sous l'effet du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), du Pacte de responsabilité et de la baisse du prix du pétrole. Des conditions favorables à un "redémarrage de l'investissement", une donne essentielle pour rendre la reprise économique pérenne, selon M. Roucher.
Avec de tels chiffres trimestriels, l'"acquis de croissance" à la fin du premier semestre 2016, autrement dit ce que serait la croissance annuelle même en cas de croissance nulle au deuxième semestre, s'établirait à 1%.