La Chine a volé la vedette à l'ouverture du sommet de l'Asie-Pacifique, lundi sur l'île indonésienne de Bali, profitant de l'absence remarquée du président américain Barack Obama, retenu par la crise budgétaire américaine.
Le numéro un américain a été contraint d'annuler sa participation à cet important rendez-vous des 21 dirigeants du forum de Coopération économique de l'Asie-Pacifique (Apec), une instance qui représente plus de la moitié de la richesse mondiale.
La chaise vide laissée par M. Obama a laissé le champ libre au président chinois Xi Jinping, qui a commencé une importante tournée de l'Asie du Sud-Est, aux allures d'offensive de charme, au moment même où M. Obama annulait son déplacement dans la région.
Dans un discours très attendu, le numéro un chinois a une nouvelle fois tendu la main à ses voisins.
"La Chine ne peut pas se développer de manière isolée de l'Asie-Pacifique et l'Asie-Pacifique ne peut pas prospérer sans la Chine", a déclaré M. Xi.
"La Chine va maintenir avec fermeté la paix et la stabilité régionales... Nous les Chinois disons souvent qu'une famille harmonieuse prospère. En tant que membre de la famille de l'Asie-Pacifique, la Chine est prête à vivre en toute amitié avec les autres membres de la famille et à s'aider les uns les autres", a-t-il affirmé.
Le dirigeant a visiblement tenté d'apaiser les tensions induites par les prétentions maritimes de Pékin en mer de Chine, qui heurtent nombre de ses voisins.
Ceux-ci comptent à ce titre sur les Etats-Unis pour contrecarrer les ambitions chinoises.
L'absence de M. Obama, bloqué à Washington par une crise qui s'éternise depuis près d'une semaine, a ainsi suscité l'inquiétude parmi les alliés américains et des doutes sur la capacité du président à réaliser sa promesse de faire de l'Asie-Pacifique le "pivot" de sa politique étrangère.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, contraint de remplacer au pied levé M. Obama, a juré que "rien ne pourra saper l'engagement du président Obama envers un rééquilibrage vers l'Asie".
"Personne ne peut remplacer les USA. Pas la Chine, pas le Japon, aucune autre puissance", a cependant souligné le Premier ministre singapourien Lee Hsien Loong.
Participer à l'Apec "aurait été une occasion en or pour l'Amérique et le président Obama lui-même de montrer son leadership et de mettre l'accent sur l'Asie", a regretté le Premier ministre malaisien Najib Razak, chez qui M. Obama a également annulé une visite.
La non-participation du président compromet également les efforts de Washington de faire approuver avant la fin de l'année le TPP ou "Partenariat trans-Pacifique", un accord de libre-échange qui réunirait 12 pays du bloc, dont les USA mais à l'exception notable de la Chine.
Le Premier ministre malaisien Najib Razak a ainsi reconnu que l'échéance de la fin de l'année, voulue par les Etats-Unis pour faire approuver l'accord, était très ambitieuse.
"C'est un calendrier très serré", a-t-il souligné dimanche. "Notre sentiment est que cela pourrait prendre plus longtemps", a-t-il lâché.
Le TPP, qui veut regrouper 40% du PIB mondial, doit réunir le Japon, l'Australie, le Brunei, le Canada, le Chili, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour, les Etats-Unis et le Vietnam.
La crise à Washington ajoute de plus aux incertitudes entourant l'économie mondiale, déjà très fragile.
Selon le brouillon du communiqué final du sommet, qui s'achève mardi, les dirigeants devraient ainsi appeler à une "série de réformes structurelles visant à accroître la productivité, la participation de la main-d'oeuvre et la création d'emplois qualifiés".
La perspective d'un défaut de paiement si aucun accord n'est trouvé sur le relèvement du plafond de la dette américaine d'ici au 17 octobre ajoute encore à l'incertitude.
Cela "toucherait l'ensemble de la planète et pas seulement ces pays qui ont des liens géographiques et économiques étroits avec les Etats-unis", a averti le président mexicain Enrique Pena Nieto.
A l'inverse, l'économie chinoise se porte bien, a assuré le président Xi. Le ralentissement de la croissance chinoise, passée en quelques années d'un taux à deux chiffres à moins de 8%, se fait "en douceur" et sous contrôle, a-t-il assuré, rejetant les craintes d'un atterrissage brutal de la deuxième économie mondiale.