Toyota va retirer 10.000 camionnettes pick-up du marché nord-américain pour un défaut d'arbre de transmission, un nouveau revers pour le géant nippon confronté à une série noire de problèmes techniques ayant provoqué le rappel de millions de véhicules.
Ces nouveaux rappels portent sur environ 10.000 véhicules, dont 1.500 au Canada, a déclaré samedi à Tokyo une porte-parole du constructeur automobile englué dans une crise sans précédent depuis le rappel de plusieurs millions de véhicules potentiellement défectueux.
Outre les 1.500 rappels canadiens, quelque 200 autres ont été ordonnés au Mexique, à Hawaï et dans d'autres îles, a déclaré à l'AFP Mieko Iwasaki.
Un porte-parole du constructeur japonais aux Etats-Unis avait précédemment indiqué à l'AFP que Toyota allait rappeler 8.000 camionnettes modèle 2010 à quatre roues motrices pour les "inspecter" et vérifier notamment leur numéro d'identification.
Les arbres de transmissions des véhicules portant deux numéros de lots particuliers "pourraient comporter une fissure", susceptible d'entraîner une rupture de l'arbre de transmission, avait-il indiqué à l'AFP.
Ce nouveau rappel s'ajoute à près de 9 millions de véhicules rappelés dans le monde par Toyota depuis l'automne, dont plus de 6 millions aux Etats-Unis, principalement à cause de problèmes d'accélérateurs qui se bloquent, mais aussi à cause de dysfonctionnement des freins sur certains modèles.
Toyota a ainsi reconnu que plusieurs modèles de voitures hybrides, principalement la dernière version de la Prius lancée l'an dernier, comportaient un défaut dans le système de freinage hydraulique.
Son PDG, Akio Toyoda, est actuellement sous pression pour à venir rendre des comptes devant le Congrès à Washington.
Samedi, ce dernier s'est rendu chez un concessionnaire de la marque à Tokyo où étaient effectuées des réparations de la Prius. "A partir de maintenant, il n'y aura plus de problèmes", a-t-il promis en s'inclinant devant un couple venu faire réparer leur Prius.
Cette crise a frappé la plus grande entreprise du Japon au coeur de son image de marque, Toyota ayant bâti son succès mondial sur la qualité supposée irréprochable de ses voitures.
La firme a lancé samedi dans la presse française une vaste campagne d'information pour rassurer ses clients.
Le président américain Barack Obama a demandé à Toyota et à ses concurrents d'être plus réactifs sur les problèmes de sécurité.
"Lorsque la sécurité publique est en jeu, chaque constructeur a une obligation de réagir rapidement et résolument dès que les problèmes sont identifiés", a déclaré le président dans une interview au magazine Bloomberg BusinessWeek parue vendredi, sa première intervention sur le sujet.
"Nous ne savons pas encore si c'est ce qui c'est passé dans le cas de Toyota. Il va y avoir une enquête", a précisé M. Obama qui s'est dit toutefois confiant dans la capacité du géant japonais à "rester un constructeur extraordinaire, malgré ce pépin".
De son côté, le gouverneur de Tokyo a accusé les Etats-Unis de se servir de cette crise pour "asséner un coup de poing" à l'archipel, dont ils jalouseraient, selon lui, la réussite.
"Je crois que c'est dans la nature des Américains d'être fâchés contre un Japon qui les a si rapidement devancés en matière d'automobile, un domaine qu'ils ont pourtant inventé", a déclaré vendredi Shintaro Ishirara, réputé pour son franc-parler.
"S'il y avait eu des problèmes avec Ford ou GM, on n'en aurait peut-être pas fait un tel plat", a-t-il dit à des journalistes.