PARIS (Reuters) - Le chômage est reparti en nette hausse en mars, repassant au-dessus du seuil de 3,5 millions d'inscrits à Pôle emploi en catégorie A pour la première fois depuis septembre dernier, selon les chiffres publiés mercredi par le ministère du Travail.
Même si l'année 2016 a enfin vu se matérialiser l'inversion de la courbe du chômage espérée depuis 2013 par François Hollande, la lutte contre le chômage représentera un chantier crucial pour son successeur.
A onze jours du second tour de la présidentielle, les profondes divergences entre les deux finalistes de la course à l'Elysée sur ce sujet ont été mises en valeur mercredi lors de leur duel à distance auprès des salariés du site Whirlpool d'Amiens (Somme), dont la production doit être délocalisée en Pologne en juin 2018.
Le nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A (sans aucune activité) a enregistré le mois dernier sa plus forte hausse mensuelle depuis septembre 2013 et progressé de 1,3% , soit 43.700 personnes supplémentaires.
Les effectifs dans cette catégorie ont ainsi atteint 3.508.100 inscrits, soit 585.500 personnes de plus qu'en mai 2012, au début du quinquennat de François Hollande. Il s'agit de leur plus haut niveau depuis août 2016, alors qu'ils n'avaient que peu évolué au cours des deux premiers mois de l'année.
En ajoutant les catégories B et C (personnes exerçant une activité réduite), le nombre d'inscrits à Pôle emploi a en revanche reflué par rapport à son record de 5.515.200 atteint en février.
MYRIAM EL KHOMRI ÉVOQUE UNE "BASCULE"
Le cumul de ces trois catégories, qui représente l'ensemble des inscrits tenus de rechercher un emploi, a diminué de 0,2% en mars, soit 11.400 personnes de moins en un mois, à 5.503.800 (5.805.200 en incluant les départements d'Outre-mer, également en baisse de 0,2% sur un mois).
Pour ces trois catégories, le nombre total d'inscrits avait progressé de plus de 50.000 personnes sur les deux premiers mois de l'année.
Globalement, sur un an, le nombre de demandeurs de catégorie A recule de 0,9% tandis que le total des inscrits dans les catégories A, B et C affiche une progression de 0,9%.
Les effectifs de la catégorie D - notamment soutenus par plan de 500.000 formations supplémentaires pour les demandeurs d'emploi annoncé par François Hollande début 2016 et qui a depuis été prolongé jusqu'à mi-2017 - ont diminué de 4,2% le mois dernier et bondissent de 13,2% sur un an.
La ministre du Travail Myriam El Khomri souligne dans un communiqué que les évolutions des derniers mois s'expliquent notamment "par des mouvements importants de bascule entre catégories".
Car même si les recrutements devaient reprendre cette année, avec des embauches de plus d'un mois à un niveau record au premier trimestre, "la part des CDD dans les embauches reste encore élevée", note-t-elle en expliquant que les fins de contrats entretiennent ce jeu de vases communicants.
Elle souligne par ailleurs que le nombre d'entrées à Pôle emploi "diminue pourtant une nouvelle fois fortement (-3,1% en mars)" et que les sorties liées à une reprise d'emploi "se maintiennent depuis huit mois consécutifs à un niveau très élevé, caractéristique des périodes de reprise économique."
"ÉCHEC SPECTACULAIRE" POUR MARINE LE PEN
"L'envolée du chômage en mars montre l'échec spectaculaire de la politique économique du quinquennat Hollande-Macron", a au contraire estimé Marine Le Pen sur Twitter, associant au président sortant son adversaire du second tour, ex-secrétaire général de l'Elysée et ex-ministre de l'Economie.
Les deux prétendants à la succession de François Hollande ont des visions économiques totalement opposées, qui se manifestent notamment dans leurs projets en matière de lutte contre le chômage.
Le programme du candidat du mouvement En Marche ! mise notamment sur une amélioration de la compétitivité des entreprises par une baisse de la fiscalité et un assouplissement du droit du travail pour ramener le taux de chômage à 7% en 2022 contre près de 10% aujourd'hui.
La candidate du Front national projette quant à elle de créer 1,7 million d'emplois en trois ans, en soutenant les entreprises françaises face à la "concurrence internationale déloyale", en abandonnant l'euro et en adoptant des mesures protectionnistes.
(Myriam Rivet, avec Leigh Thomas et Hélène Dauschy, édité par Yves Clarisse)