Les Bourses européennes ont résisté vendredi, tiraillées entre espoirs de voir le sommet du G8 à Camp David apporter des réponses à la crise de la zone euro et craintes de plus en plus vives d'une sortie de la Grèce.
"Les chefs de gouvernement pourraient ouvrir la voie à des négociations entre les gouverneurs des banques centrales", estimaient les analystes du Crédit Mutuel-CIC, avant d'évoquer le scénario d'une "intervention conjointe ou une coordination des actions".
Malgré le coup de semonce des agences de notation à l'encontre de la Grèce et de l'Espagne, les Bourses européennes n'ont pas cédé à la panique: la Bourse de Paris a cédé 0,13%, celle de Francfort 0,6%, Milan 0,31% alors que Madrid s'est offert une hausse de 0,44%. Londres a baissé de 1,33%.
"Les agences de notation nous ont habitués à ce genre d'annonces. Elles ne surprennent plus le marché et on voit bien qu'il n'y a aucun effet panique", notait Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities.
Jeudi, le couperet des agences était tombé après la fermeture des marchés en Europe: Fitch a abaissé d'un cran la note à long terme de la dette souveraine de la Grèce, à "CCC", et Moody's a sanctionné 16 banques et quatre régions espagnoles.
Si les annonces des agences de notation épargnaient les marchés européens, les Bourses asiatiques en ont fait les frais, plongeant pour certaines de quelque 3% en fin de séance, comme Tokyo (-2,99%) et Séoul (-3,40%).
Wall Street était fébrile, assistant aux débuts mouvementés en Bourse du champion des réseaux sociaux Facebook: vers 18H00 (16H00 GMT), le Dow Jones cédait 0,25%.
Selon les analystes, l'attention des investisseurs était surtout retenue par le sommet du G8, hébergé vendredi et samedi par le président américain Barack Obama.
L'ordre du jour devait être dominé par la crise de la dette en zone euro, face à laquelle Washington préconise, à l'unisson de certains dirigeants du vieux continent, une politique davantage orientée vers la croissance.
Spectre de la faillite de la Grèce, rumeurs de retraits massifs dans les banques en Espagne et Grèce, cibles de dégradations par les agences de notation ... les tensions restaient vives dans la zone euro.
Une porte-parole du ministère allemand des Finances a tenu à rassurer vendredi sur la situation en Espagne, déclarant qu'il n'y avait "pour le moment pas de raison de douter" de la capacité de Madrid à venir en aide à ses banques sans avoir recours au fonds de secours européen FESF.
Alors que l'éventualité d'une sortie de la Grèce de la zone euro est envisagée de plus en plus ouvertement ces dernières semaines, Fitch a estimé qu'il existait un "risque accru que la Grèce ne soit pas en mesure de maintenir sa participation à l'Union économique et monétaire".
Le maintien du pays au sein de la zone euro est compromis par la montée en puissance des partis anti-austérité qui pourraient accéder au pouvoir après les prochaines législatives prévues le 17 juin.
Les institutions européennes étudient d'ores et déjà "des scénarios" de défaillance de la Grèce, a révélé vendredi le commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht, suscitant une mise au point de son collègue Olli Rehn, qui a démenti tout scénario prévoyant une sortie de la Grèce de l'euro.
Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a réaffirmé vendredi son souhait de voir la Grèce rester dans la zone euro, et a estimé que la crise de confiance des marchés devrait s'apaiser d'ici un an ou deux.
Et la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré espérer avoir un gouvernement "capable d'agir en Grèce" après les élections, lors d'une conversation téléphonique avec le chef de l'Etat grec, Carolos Papoulias.
Ce contexte de tension pénalisait l'euro, les investisseurs lui préférant des valeurs jugées plus sûres comme le yen ou le dollar. Après être tombé à son plus bas niveau en 4 mois face au dollar vendredi matin, l'euro a cependant gagné du terrain, valant 1,2719 dollar vers 18H00 (16H00 GMT).
Le taux à 10 ans du Bund allemand, valeur refuge par excellence en temps de crise, évoluait à un plus bas historique, sous les 1,4% pour la première fois depuis la création de la zone euro.