PARIS (Reuters) - EDF (PA:EDF) ne sera pas temporairement dispensé de revendre une partie de son électricité nucléaire à ses concurrents, comme l'énergéticien en avait fait la demande, a annoncé mardi le ministère de l'Environnement et de l'Energie.
Pour éviter des effets spéculatifs sur le marché de gros de l'électricité en raison de l'indisponibilité de plusieurs de ses réacteurs nucléaires, EDF avait demandé vendredi au gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires pouvant aller jusqu'à la suspension de son obligation de revendre une partie de son électricité nucléaire à ses concurrents.
L’Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique (ARENH) permet depuis 2010 aux opérateurs alternatifs qui le souhaitent d'acheter des volumes d'électricité à EDF à un prix garanti de 42 euros par mégawattheure.
"Le gouvernement ne prévoit pas de suspendre l'ARENH au regard des circonstances actuelles", souligne le ministère dans un communiqué, ajoutant que " des réponses rapides, efficaces et proportionnées seront apportées pour répondre au risque de comportements spéculatifs".
LA CRE VA PROPOSER DES MESURES POUR LIMITER LA SPÉCULATION
EDF n'a fait aucun commentaire sur le sujet.
Les opérateurs alternatifs ont délaissé le système au cours des derniers trimestres, préférant s'approvisionner sur des marchés de gros aux prix inférieurs. Aucune commande n'a été enregistrée pour le premier semestre 2016.
Mais la donne est en passe de changer avec la remontée des prix alimentée par un nombre plus élevé que la normale de fermeture de réacteurs nucléaires d'EDF, ce qui génère des inquiétudes sur un possible risque de pénuries en période de forte demande.
Le ministère estime qu'une suspension pure et simple de l'ARENH aurait pu mettre en difficultés certains fournisseurs alternatifs et précise que la Commission de Régulation de l'Energie (CRE) proposera d'ici le 16 novembre aux acteurs une première mesure afin de limiter la spéculation.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a demandé le 18 octobre dernier à EDF de procéder à l'arrêt de cinq réacteurs nucléaires supplémentaires pour procéder à des contrôles.
Les analyses exigées par l'autorité concernent des fonds de générateurs de vapeur fabriqués dans l'usine du Creusot d' Areva (PA:AREVA) et par la société japonaise JCFC.
Au total, 18 réacteurs sont concernés par ces contrôles : six d'entre eux ont déjà été autorisés à redémarrer et sept sont à l'arrêt. Les périodes d'arrêt des cinq nouveaux réacteurs (Tricastin 2 et 4, Fessenheim 1 et Gravelines 4) s'échelonneront sur une période comprise entre le 10 décembre et le 15 janvier prochains.
Le groupe a toutefois confirmé à nouveau ses objectifs de production nucléaire (380-390 térawattheure en 2016 et 390-400 TWh en 2017).
(Jean-Michel Bélot, Bate Felix et Emmanuel Jarry, édité par Matthieu Protard)