Le gouvernement a autorisé exceptionnellement la circulation des poids lourds dimanche afin de prévenir d'éventuels problèmes d'approvisonnement d'essence à la suite de la grève au terminal pétrolier du port de Marseille, alors que presque toute la Corse est touchée par des pénuries de gazole.
A partir de samedi minuit et jusqu'à dimanche 22H00, les véhicules de plus de 7,5 tonnes pourront circuler sur les routes de France, selon un arrêté commun du ministère de l'Ecologie et du ministère de l'Intérieur, publié samedi au Journal officiel (JO).
Cette mesure doit permettre de "pallier, le cas échéant à titre préventif, les carences d'approvisionnement des stations-service, des dépôts ou stockages d'hydrocarbures et des sites industriels, susceptibles de résulter" de la grève qui affecte les terminaux pétroliers de Lavera et Fos-sur-Mer.
"Aucune pénurie n'est redoutée pour l'instant" sur le continent, a-t-on toutefois assuré au ministère de l'Ecologie. "L'arrêté est une simple mesure de précaution pour prévenir d'éventuelles tensions d'approvisitionnement".
La situation est différente en Corse, où les pénuries de gazole, utilisé par la majorité des conducteurs, touche désormais les principales villes.
Les automobilistes se sont rués dans les stations services provoquant des ruptures de stock dans la quasi-totalité des stations-service.
Un bateau pour la Sardaigne a été affrété par les compagnies pétrolières vendredi et devrait réapprovisionner les dépôts de Corse à partir de mercredi.
Les accès du port de Marseille, premier port français, sont bloqués depuis vendredi par le personnel et les dockers, après un appel à la grève de 72 heures de la Fédération nationale CGT des ports et docks, pour protester contre la réforme portuaire et la réforme des retraites.
Les terminaux pétroliers de Lavera et Fos-sur-Mer sont pour leur part bloqués depuis lundi, la CGT s'inquiétant de la création d'une société chargée de gérer ces terminaux.
Selon le Grand Port maritime de Marseille, 38 navires étaient en attente de déchargement samedi dans la rade: "3 chimiquiers, 9 gaziers, 11 pétroliers de brut et 13 pétroliers de raffinés, 2 péniches".
Le terminal de Fos-Lavera, qui permet l'approvisionnement par oléoduc de six des douze raffineries françaises, "joue un rôle essentiel dans l'approvisionnement du pétrole en France", a-t-on reconnu au ministère de l'Ecologie, où l'on admet que "la situation logistique est un peu plus tendue que d'habitude".
Pour autant, "aucune difficulté en matière d'approvisionnement de produits raffinés n'est actuellement à prévoir, car même les raffineries qui ne sont plus desservies disposent d'un stock de brut qu'elles peuvent transformer", a-t-on précisé.
"Toutes les raffineries de la façade Est, normalement approvisionnées par le terminal de Marseille, ont actuellement un débit minimum", a indiqué à l'AFP Jean-Louis Schilansky, le président de l'Union française des industries pétrolières.
"Mais si la grève se poursuit, elles risquent d'arrêter de produire complètement dans un délai de une à deux semaines", prévient-il.