Les cours du pétrole se dirigeaient vers les 65 dollars vendredi matin, dans une atmosphère assombrie par les chiffres de l'emploi américain publiés la veille, confortant le scénario d'une reprise très lente de la consommation mondiale d'énergie.
A 10H00 GMT (12H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août perdait 22 cents par rapport à la clôture de la veille, à 66,43 dollars, sur l'InterContinental Exchange (ICE).
Le baril de "light sweet crude" pour livraison en août lâchait quant à lui 15 cents à 66,58 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
Les échanges à la criée n'auront pas lieu vendredi à New York, le marché étant fermé en raison du jour de l'indépendance américaine.
Au lendemain d'un brutal décrochage, de plus de 2 dollars à Londres comme à New York, les cours du brut restaient orientés à la baisse, sur un marché craignant d'avoir tablé trop tôt sur une reprise de l'économie américaine, et, par ricochet, de la consommation d'hydrocarbures.
Le rapport sur l'emploi américain "a montré que le marché du travail américain fait face à des pressions grandissantes, remettant en cause toute la saga des +bourgeons de la reprise+" et ces craintes "se sont propagées aisément sur le complexe de l'énergie", a commenté Marius Paun, analyste chez ODL Securities.
Les destructions d'emplois se sont accélérées fortement aux Etats-Unis en juin, où 467.000 emplois ont été perdus, faisant monter le taux chômage à 9,5%, selon les chiffres publiés par le département du Travail.
Dans son rapport prospectif annuel à moyen terme publié lundi, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a précisément souligné que la croissance de la demande pétrolière dépendrait "du rythme de la reprise de l'économie mondiale et des niveaux de croissance à moyen terme".
"La différence est de taille pour l'équilibre mondial du pétrole, avec une demande de 89 millions de barils par jour en 2014 dans un scénario de croissance élevée, supérieur de 4 mbj au scénario de croissance basse", avait-elle écrit.
"Des rapports faisant état d'une hausse, quoique de faible importance, de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), pour le troisième mois d'affilée, ont contribué au pessimisme" des opérateurs, a ajouté David Hart, du courtier Hanson Westhouse.
Le cabinet Oil Tanker, qui surveille l'activité des pétroliers dans les ports, a ainsi observé dans une note jeudi qu'à compter du 15 mai, sur une période de six semaines, "un volume de plus en plus important de pétrole brut était entré dans le système, accompagnant la hausse des cours".
Alors que les prix du brut se sont fortement redressés depuis le début de l'année, passant de quelque 35 dollars en décembre à plus de 70 dollars en juin, les producteurs de l'Opep sont tentés de "tricher" et pomper plus de pétrole que leur quota ne leur permet, afin de profiter des prix plus élevés.
Le président de l'Opep, Jose Maria Botelho de Vasconcelos, également ministre angolais du pétrole, a estimé vendredi que "80 dollars était un maximum" pour les prix du pétrole, selon des propos tenus à Dow Jones Newswires. Au delà, les cours du brut risquent de menacer la reprise économique, selon lui.
Ces propos semblent réfuter l'accusation portée récemment contre l'Opep par le cabinet londonien CGES. Dans leur dernier rapport, les analystes de l'institut fondé par l'ancien ministre saoudien du Pétrole Cheikh Zamani avaient estimé que "ni l'organisation ni ses membres n'ont d'intérêt véritable à empêcher la hausse des prix du pétrole" et qu'ils étaient "contents d'encaisser des revenus plus élevés, faisant manifestement peu de cas des dégâts que la hausse du pétrole pourrait infliger à toute reprise économique naissante".