PARIS (Reuters) - François Hollande a proposé jeudi la tenue d'un sommet de la zone euro pour arrêter une nouvelle initiative de croissance au niveau européen et définir un rythme de réduction des déficits publics qui tiendra compte du risque de déflation.
Pour le chef de l'Etat français, cette réunion, dont il demandera la convocation lors du Conseil européen de samedi prochain à Bruxelles, devra conjurer le spectre de "l'interminable stagnation" qui menace l'économie européenne.
"Je proposerai qu'un sommet de la zone euro puisse être réuni dans les meilleurs délais pour prendre les décisions nécessaires", a-t-il déclaré lors de la conférence annuelle des ambassadeurs de France à Paris.
Cette initiative intervient après la remise en cause de la politique économique du président par Arnaud Montebourg, qui a démissionné de son poste de ministre de l'Economie après avoir accusé le gouvernement d'imposer un rythme trop élevé de réductions des dépenses publiques.
"C'est la position que je défendrai lors des prochains Conseils européens : une nouvelle initiative de croissance, une pleine utilisation des flexibilités dans le rythme de réduction des déficits dans le respect des règles européennes mais avec tout ce qu'elles permettent", a dit François Hollande.
"Parce que la reprise est trop faible, parce que l'inflation est trop basse, parce que l'euro est trop cher, et parce que l'Europe est menacée par une longue et peut-être une interminable stagnation si nous ne faisons rien", a dit le président qui a soutenu le plan de relance de 300 milliards d'euro du futur président de la Commission Jean-Claude Juncker.
"Nous ferons en sorte que ce plan-là soit mis en oeuvre dans les meilleurs délais", a dit François Hollande, qui a appelé jusqu'à présent en vain l'Allemagne à infléchir sa politique économique en relançant la demande.
François Hollande recevra samedi à Paris les dirigeants sociaux-démocrates européens, dont le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel, pour préparer le Conseil européen qui choisira dans la soirée son nouveau président et le Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
L'Italienne Federica Mogherini est donnée favorite pour remplacer la Britannique Catherine Ashton à la tête de la diplomatie européenne et le Premier ministre polonais, Donald Tusk, semble bien parti pour le poste clé de président du Conseil européen.
La France espère quant à elle que Jean-Claude Juncker, qui doit annoncer en septembre la composition de la nouvelle Commission, attribuera une responsabilité économique importante à l'ancien ministre des Finances Pierre Moscovici.
(Julien Ponthus, édité par Yves Clarisse)