Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a rappelé lundi que la France ne devait "pas abandonner le chemin des réformes" après le sursis octroyé par Bruxelles pour réduire ses déficits publics.
La Commission européenne "a dit aussi que tout report des objectifs de réduction des déficits devait s'accompagner d'engagements clairs concernant les réformes nécessaires", a insisté le ministre allemand dans un long entretien accordé au quotidien économique français Les Echos.
A l'instar de l'Espagne, Paris a obtenu vendredi un sursis de deux ans, soit jusqu'en 2015, pour atteindre ses objectifs budgétaires alors que la Commission européenne table sur une récession cette année en France et prévoit un dérapage de ses déficits contribuant à une hausse inquiétante du chômage.
Mais, pour le ministre "une chose est déjà claire : nous ne pouvons pas abandonner le chemin des réformes".
Réagissant à la récente polémique déclenchée par un projet de texte du Parti socialiste français, depuis modifié, qui critiquait "l'intransigeance égoïste" de "la chancelière de l'austérité" Angela Merkel, M. Schäuble a déploré qu'"au lieu de s'attaquer aux véritables causes des problèmes actuels, certains politiciens préfèrent chercher des boucs-émissaires".
"Nous avons tous deux (lui et la chancelière, ndlr) dédié ces dernières années à la stabilisation et à la relance de la zone euro, à aider les Etats membres en difficulté. Je ne suis pas certain que tous nos critiques peuvent en dire autant", a ajouté le ministre.
Défendant la politique d'austérité menée par Berlin et mise en cause en Europe, M. Schäuble a répété que "notre budget ne prévoit pas de coupes. Il est bien (équilibré) entre la nécessité de consolidation et la stabilité".
Et d'ajouter : "L'ironie c'est justement qu'en Allemagne, les économistes me reprochent de ne pas épargner assez!".
M. Schäuble s'appuie aussi sur une étude du Français Olivier Blanchard, économiste en chef du Fonds monétaire international, selon laquelle l'Allemagne est "sur la bonne voie" et "ne fait pas d'économies excessives".
A l'origine des problèmes de certains Etats membres, "ce sont les dettes publiques élevées et la perte de compétitivité" et non pas les programmes d'austérité, a fait valoir le ministre.
Pour lui, il est "insensé" de croire que l'on peut régler le problème du chômage des jeunes avec plus de dette, estimant qu'il faut plutôt agir sur "l'investissement productif, les réformes structurelles, l'éducation et la recherche".
Sur les critiques européennes liées la politique allemande de compétitivité par la retenue salariale, M. Schäuble a répété que "c'est aux partenaires sociaux de décider eux-mêmes, et indépendamment du gouvernement, des salaires, pas au gouvernement".