Le vice-président du géant sud-coréen Lotte a été retrouvé mort vendredi, a annoncé la police, qui soupçonne un suicide lié à une enquête sur des accusations d'évasion fiscale contre le cinquième conglomérat du pays.
Lee In-Won a été retrouvé pendu à un arbre, près d'un sentier de randonnée de la ville de Yangpyeong, dans le nord-est.
Dans sa voiture, se trouvait une lettre de quatre pages exprimant sa loyauté vis-à-vis du président du groupe Shin Dong-Bin et rejetant les accusations selon lesquelles Lotte aurait créé une caisse noire et minoré ses déclarations d'impôts.
Lotte a été fondé au Japon en 1948 par Shin Kyuk-Ho mais 80% de l'activité est en Corée du Sud.
Alors que le conglomérat a été secoué en 2015 par des querelles familiales, il est désormais visé par des enquêtes sur des accusations de fraude. Lee In-Won était un des suspects clés de ces investigations.
La famille est soupçonnée d'alimenter une caisse noire de plusieurs dizaines de millions d'euros. Les enquêteurs du parquet ont mené des descentes dans plusieurs unités du groupe, ainsi qu'aux domiciles des membres de la famille Shin, accusée de destruction de preuves.
Lotte est dirigé par l'un des fils du fondateur, Shin Dong-Bin. Pendant plusieurs mois l'année dernière, il s'est opposé à son frère aîné Dong-Joo pour le contrôle de l'empire, avec force coups bas et accusations publiques.
La querelle a pris fin quand le conseil d'administration s'est rangé du côté de Shin Dong-Bin mais cette affaire a encore alimenté l'animosité de l'opinion publique envers ces puissants groupes familiaux appelés "chaebols" en Corée du Sud.
Les "chaebols" sont crédités d'avoir nourri en grande partie la croissance économique mais ils sont aussi mis en cause pour leur mépris des règles de la gouvernance d'entreprise et des actionnaires minoritaires.
Lee In-Won ne serait pas le premier dirigeant d'entreprises sud-coréennes aux prises avec la justice à se suicider.
En 2003, un haut dirigeant de Hyundai, Chung Mong-Hun, fils du fondateur du deuxième conglomérat sud-coréen, s'était suicidé en se jetant du 12ème étage du siège de sa société dans le centre de Séoul. Il était au centre d'une affaire judiciaire touchant le gouvernement de l'ancien président sud-coréen Kim Dae-Jung au sujet de fonds détournés au profit de la Corée du Nord.
L'an passé, Sung Wan-Jong, ancien patron d'une entreprise de BTP en faillite, s'était pendu à Séoul, laissant une note dans laquelle il disait avoir versé des pots-de-vins à des responsables sud-coréens parmi lesquels le Premier ministre Lee Wan-Koo. Ce dernier avait démissionné quelques semaines plus tard.