PARIS (Reuters) - L'UMP et ses alliés centristes se sont imposés dimanche en tête du premier tour des élections départementales, devançant le Front national, qui perd le pari du plébiscite, et le Parti socialiste, qui paye le prix de la désunion de la gauche.
Selon les résultats définitifs communiqués lundi par le ministère de l'Intérieur, l'UMP-UDI-MoDem recueille 29,4% des voix, le FN en obtient 25,19% et le PS et ses alliés résistent mieux qu'annoncé avec 21,85%.
Le Front de gauche obtient au total 6,81% et les Verts, qui ne s'étaient alliés au PS que dans 20% des cantons et s'étaient rapprochés de l'extrême gauche, s'effondrent, à 2,03%.
A 50,17%, la participation a été supérieure à celle des cantonales de 2011 (44,40%).
Au total, 98 des 102 départements français étaient concernés par ce scrutin, les habitants de Paris, Lyon, de la Martinique et de la Guyane ne s'étant pas rendus aux urnes dimanche. "Même si le Front national gagne plus de dix points par rapport aux cantonales de 2011, sa progression marque le pas, on semble avoir atteint un plafond", a relevé le PDG de CSA, Bernard Sananès, sur BFM TV.
Ce scrutin local, qui augure traditionnellement du rapport de forces pour la présidentielle, marque pour Nicolas Sarkozy un succès dans la perspective de la primaire de 2016 à droite.
Il s'agissait pour l'ancien chef de l'Etat du premier test électoral d'importance depuis son accession à la tête de l'UMP le 29 novembre dernier.
Le "NI NI" A L'ÉPREUVE DU SECOND TOUR
Il s'est sans attendre projeté en 2017 en déclarant, lors d'une brève allocution au siège du parti d'opposition: "L'alternance est en marche et rien ne l'arrêtera".
Il a appelé à la mobilisation pour le second tour, le 29 mars, en s'adressant particulièrement aux électeurs du FN, dont il assure "entendre l'exaspération".
Nicolas Sarkozy a réitéré son opposition à toute alliance avec le FN et réaffirmé la doctrine contestée du "ni ni" (ni FN ni Front républicain) qui risque à nouveau de montrer ses limites localement dimanche prochain.
Alain Juppé, son plus sérieux rival à droite pour la présidentielle de 2017, a poursuivi le duel à distance en estimant que sa stratégie de large rassemblement avec le centre, jusqu'au MoDem, le parti de François Bayrou rejeté par les électeurs sarkozystes, était validée.
"Il apparaît très clairement que la seule force d'alternance crédible aujourd'hui, c'est (...) le rassemblement de la droite et du centre", a dit le maire de Bordeaux.
Le député UMP Bruno Le Maire a invité à la prudence dans son camp, soulignant "la forte poussée du FN dans les zones rurales". "Nous ne sommes pas assez convaincants et nous laissons le FN gagner du terrain".
VALLS APPELLE AU RASSEMBLEMENT
Malgré une carte des départements virant nettement au bleu, Manuel Valls, qui avait dramatisé la campagne en l'axant contre le "danger" du FN, a estimé que les formations républicaines avaient "tenu leur place" et s'est réjoui que l'extrême droite ne soit pas "la première formation de France".
"Les candidats de la majorité ont réalisé des scores honorables", a affirmé le Premier ministre à Matignon.
Il a exhorté au rassemblement au second tour "pour gagner le plus grand nombre de cantons et de départements" et a invité "tous les républicains à faire barrage à l'extrême droite".
De Pierre Laurent (Parti communiste) à l'écologiste Emmanuelle Cosse, les responsables de gauche lui ont fait écho.
Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, a estimé que la gauche serait absente du second tour dans environ 500 des 2.000 cantons en raison de sa division.
Marine Le Pen s'est félicitée des performances des candidats FN en dépit, a-t-elle dit, d'une "campagne ordurière et violente" de Manuel Valls. Le parti ne comptait qu'un sortant.
La présidente du FN a réclamé le départ du Premier ministre, qui doit "maintenant écouter le message des urnes et avoir la décence de présenter sa démission".
François Hollande avait déclaré dès avant le scrutin que la ligne politique et le Premier ministre resteraient les mêmes quel que soit le résultat.
Pour ce scrutin inédit, qui remplace les cantonales, quelque 43 millions de Français doivent élire un couple de conseillers dans 2.054 cantons pour renouveler les exécutifs départementaux, à l'exception de Paris, Lyon, Guyane et Martinique.
Le rapport de forces gauche-droite est actuellement de 61-41 sur les 102 départements que compte la France.
(Sophie Louet avec Service France, édité par Yves Clarisse)