PARIS (Reuters) - Le principal suspect de l'attentat antisémite qui avait fait quatre morts rue Copernic, à Paris, en octobre 1980, va être extradé du Canada vers la France, a-t-on appris jeudi auprès de l'avocat des familles des victimes.
Hassan Diab, qui a la double nationalité canado-libanaise, avait été arrêté il y a six ans au Canada dans le cadre d'un mandat d'arrêt international délivré par le juge d'instruction antiterroriste français Marc Trévidic, chargé du dossier.
Cet ancien professeur de sociologie d'Ottawa, âgé de 60 ans, contestait la procédure d'extradition qui le visait devant la Cour suprême canadienne. La plus haute instance judiciaire du pays a refusé jeudi de se saisir du dossier, provoquant son extradition automatique vers la France.
"C'est un vieux dossier mais cela montre qu'il n'y a pas d'impunité dans les affaires de terrorisme", a dit à Reuters Guillaume Denoix de Saint-Marc, président de l'association française des victimes du terrorisme (AFVT).
"Cela fait des années que l'on se bat pour qu'il soit extradé et entendu par un juge d'instruction. Son extradition va permettre à la justice de savoir s'il est impliqué ou non dans cet attentat", a-t-il ajouté. "C'est une étape importante mais ce n'est pas la dernière."
UNE SYNAGOGUE VISÉE
Dans des interviews à la presse française en 2007, Hassan Diab, soupçonné d'avoir confectionné et posé la bombe placée dans la sacoche d'une moto peu avant la sortie de la synagogue de la rue Copernic, le vendredi 3 octobre 1980, avait nié être la personne recherchée.
"Je suis victime d'une nouvelle homonymie sans fondement. Mon nom de famille est très commun au Liban et dans les pays arabes", disait-il au Figaro.
Chef présumé du commando ayant perpétré l'attentat, il a été identifié en 1999 grâce au fichier de l'organisation dont il aurait été membre, le groupe palestinien dissident Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS).
"Manifestement les juges canadiens (...) ont considéré que la procédure française était suffisamment solide pour avoir la conviction que c'était bien l'un des auteurs de l'attentat de la rue Copernic", a dit Me Bernard Cahen, l'avocat des familles, sur BFM TV.
L'attentat avait provoqué une émotion considérable en France et suscité une manifestation de protestation de plusieurs centaines de milliers de personnes à Paris le 4 octobre 1980.
L'affaire s'était aggravée d'une polémique après les commentaires du Premier ministre de l'époque, Raymond Barre, sur les lieux de l'attentat.
Il avait condamné "un attentat odieux qui voulait frapper les juifs se trouvant dans cette synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic".
(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)