Les producteurs français de volaille et de foie gras restaient relativement sereins vendredi, malgré l'impossibilité d'exporter vers plusieurs pays à cause de cas de grippe aviaire, tablant sur l'action du gouvernement et la part assez faible des exportations dans leur chiffre d'affaires.
Jeudi soir, la Direction générale de l'alimentation (DGAL) a indiqué que la Corée du Sud, le Japon, la Chine, la Thaïlande, l'Egypte, l'Algérie, le Maroc et la Tunisie avaient fermé leurs frontières aux volailles et autres produits avicoles français en raison des cas de grippe aviaire détectés la semaine dernière en Dordogne.
Vendredi, le ministère japonais de l'Agriculture a confirmé que son pays, premier pays étranger client du foie gras hexagonal, interdisait "les importations de volaille et de produits issus de la volaille française dont la production est postérieure au 23 octobre", date choisie pour tenir compte de la période d'incubation du 21 jours.
Le foie gras fait partie des produits exclus, sauf lorsqu'il est en conserve, a également précisé vendredi le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog), qui représente les producteurs.
"C'est injuste et ennuyeux" mais les exportations "ne sont pas le plus gros volume" dans les ventes globales de volaille française, a réagi auprès de l'AFP Jean-Michel Schaeffer, président de la Confédération française de l'aviculture (CFA), syndicat majoritaire chez les éleveurs de volaille.
Les exportations de volaille représentent 500 millions d'euros par an, soit environ 6% des ventes totales de la filière française.
"Nous savons que la souche d'influenza aviaire trouvée en France n'est pas une souche asiatique" transmissible à l'homme, souligne la Fédération des industries avicoles (FIA).
Heureusement, l'Arabie saoudite, de loin le premier importateur de volaille française avec 30% des achats en 2014, "n'a pas fermé (son marché). Ils nous font confiance", souligne M. Marinov.
- Pas de foie gras frais au Japon -
En outre à l'approche de Noël, les achats de dindes, chapons et autres poulardes sont "principalement destinés au marché français ou européen, qui reste ouvert", rappelle M. Schaeffer, confiant dans l'envie du consommateur de profiter du "mode de vie à la française".
Même si dans la Sarthe, un producteur de poulardes très haut de gamme a confié à l'AFP avoir vu toutes ses commandes de Noël vers le Japon annulées.
Mais "les services de l'Etat sont très volontaristes, toutes les ambassades sont mobilisées avec la filière", se réjouit M. Schaeffer.
Même son de cloche du côté des producteurs de foie gras, qui ne cèdent pas à la panique.
Après discussion avec la France, Tokyo a "accepté de reconnaître une date de début d'épisode" de grippe aviaire, ce qui signifie qu'il acceptera d'importer des produits fabriqués avant le 23 octobre, par exemple du foie gras congelé, a expliqué à l'AFP Marie-Pierre Pé, déléguée générale du Cifog.
Ces produits représentent la majorité du foie gras destiné à l'exportation vers le Japon.
"A notre connaissance, une grande partie du foie gras devant être consommé pour la période de Noël a déjà été importée. Nous pensons donc que cette interdiction a très peu d'impact sur le marché japonais", a déclaré à l'AFP un responsable du ministère japonais de l'Agriculture.
Malgré tout au Japon, les restaurateurs français font grise mine, faute de foie gras frais à proposer.
"C'est un peu une catastrophe", déplore l'importateur français Bernard Anquetil, directeur des produits cuisinés de la société F&B Japan. "Avec le foie gras congelé, on devrait arriver à tenir jusqu'en février-mars (...), mais il y a des gens qui préfèrent travailler avec le frais, surtout pendant les fêtes." A présent, "pour le frais, le seul pays pour nous est la Hongrie".
"D'habitude pour Noël, je mets du foie gras au menu dégustation. Je ne vais pas en mettre", déplore le chef étoilé Olivier Oddos, installé à Tokyo. Et "à part le pigeon, nous n'avons plus de volaille de France", ajoute le chef qui songe à se rabattre sur de la pintade japonaise.