Le gouvernement allemand présente mercredi son projet de budget 2012, avec un déficit plus faible qu'attendu qui lui fait promettre des baisses d'impôts pour l'année électorale 2013.
Alors que la Grèce tente à tout prix d'éviter la faillite, que l'Irlande, le Royaume-Uni ou encore la France accusent de gros déficits, l'Allemagne, dont l'économie est en pleine forme, redresse ses finances publiques à grande vitesse. Au point de mériter le titre de "premier de la classe", selon l'influent magazine Spiegel.
Pour 2012, les recettes fiscales seront de 4,4 milliards d'euros supérieures à la dernière estimation, qui datait de mars. La conjoncture porteuse profite au marché du travail, avec un chômage qui baisse de mois en mois. Et les caisses de l'Etat se remplissent.
Du coup, le déficit budgétaire, du seul Etat fédéral, pointera à 27,2 milliards d'euros, et non 31,5 milliards comme prévu en mars. Après un pic enregistré en 2010, du fait des aides aux entreprises touchées par la crise et autres plans de sauvetage, il aura donc fondu de plus de 17 milliards d'euros en deux ans.
Le déficit budgétaire est une composante du déficit public allemand, observé par Bruxelles et comprenant aussi les comptes des Etats régionaux, des communes et des caisses de sécurité sociale. Celui-là devrait pointer à moins 2,5% cette année, plaçant l'Allemagne dans le peloton de tête des Européens.
A compter de 2013, le déficit va continuer à baisser, mais moins qu'espéré au printemps.
Le ministre des Finances Wolfgang Schäuble a dû revoir sa copie en raison de la mise en place prévue à partir de cette date d'un mécanisme permanent d'aide pour les pays de la zone euro en difficultés, auquel l'Allemagne, première économie européenne et plus gros contributeur, va verser 4,3 milliards d'euros par an.
Berlin et les autres capitales européennes vont aussi devoir repasser à la caisse dès cette année pour la Grèce menacée de faillite, ce qui fait de plus en plus grincer des dents dans le pays, jusque dans les rangs de la majorité. Mardi, ce sont les juges suprêmes de la Cour constitutionnelle qui se sont penchés sur ces aides, à la suite de plusieurs plaintes déposées l'an dernier.
Mais le gouvernement d'Angela Merkel a trouvé de quoi calmer les esprits, espère-t-il: le conseil des ministres a aussi adopté mercredi le principe de baisses d'impôts en 2013.
M. Schäuble ne voulait pas en entendre parler, préférant d'abord assainir le budget, mais il a fini par céder à cette exigence récurrente de ses partenaires libéraux (FDP) au gouvernement, remise au goût du jour il y a quelques semaines par le nouveau ministre de l'Economie Philipp Rösler.
"Au 1er janvier 2013, nous voulons alléger les impôts pour les personnes aux petits et moyens revenus", a affirmé celui-ci mercredi. Ampleur et nature des allègements fiscaux ne seront précisés qu'à l'automne.
La date n'a pas été choisie au hasard: en 2013, les Allemands seront appelés aux urnes au niveau fédéral.
Dans les sondages, la coalition des conservateurs (CDU/CSU) et du FDP est derrière l'opposition sociale-démocrate alliée aux Verts, même si, pour la première fois depuis fin avril celle-ci n'aurait plus la majorité absolue.
Si Berlin décidait de consacrer 7 milliards d'euros à ces baisses d'impôts, un chiffre qui a circulé dernièrement, la baisse par ménage serait inférieure à 200 euros par an. Soit moins de 20 euros par mois ou encore "une pizza surgelée pour tout le monde", ironise le quotidien de gauche taz.