Cinq des six administrateurs salariés d'EDF (PA:EDF) ont saisi la justice pour demander l'annulation de la délibération du conseil d'administration de l'électricien avalisant le lancement du projet de construction de deux réacteurs nucléaires à Hinkley Point, au Royaume-Uni, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.
Ces administrateurs estiment que le Pdg du groupe, Jean-Bernard Lévy, n'a "pas communiqué des informations essentielles en sa possession concernant ce projet majeur pour l'entreprise", au moment de la réunion du conseil d'administration du 28 juillet, en "violation du droit à l'information des administrateurs", a indiqué dans un communiqué le cabinet d'avocats qui les représente.
Ils protestent également contre la participation au vote de plusieurs administrateurs "en situation de conflit d'intérêts avec l’entreprise". Le tribunal de commerce de Paris devrait fixer le 5 septembre une date d'audience, a précisé le cabinet Alain Levy.
Cette démarche des administrateurs salariés intervient après plusieurs recours en justice du comité central d'entreprise, dont l'un doit être plaidé le 22 septembre.
Dans un communiqué, l'intersyndicale CGT, CFE-CGC et FO d'EDF, qui bataille depuis plusieurs mois contre un lancement précipité de ce projet qu'elle juge périlleux pour les finances de l'entreprise, apporte son "plein soutien" à l'action de ces administrateurs salariés.
"Certains administrateurs ont découvert qu'ils n'avaient pas bénéficié du même niveau d'informations que le Pdg, le commissaire du gouvernement et certains (autres) administrateurs qui, par leurs liens avec des groupes industriels, sont intéressés par les marchés" liés à ce chantier gigantesque de 18 milliards de livres (environ 21,2 milliards d'euros), écrit l'intersyndicale.
Le 8 août, elle avait déjà dénoncé un "scandale de gouvernance", accusant la direction de l'électricien de rétention d'information.
Selon un courriel adressé le 2 août par Jean-Bernard Lévy aux membres du comité exécutif et vu par l'AFP, EDF savait le 28 juillet que le gouvernement britannique souhaitait se donner "un peu plus de temps" sur ce dossier.
Londres avait annoncé le soir même de la réunion du conseil d'administration qu'il ne rendrait pas sa décision finale avant l'automne. Or, "la volonté britannique à aller très vite a toujours été présentée comme la justification de l'urgence à signer", avait observé l'intersyndicale, qui demande un report de deux à trois ans du projet.
M. Lévy s'était défendu d'avoir menti aux administrateurs, assurant ne pas avoir eu alors connaissance de la volonté de Londres de "procéder à un nouvel examen" du projet.