Environ 200 militants du Front populaire (FP), une coalition de gauche et d'extrême gauche, ont manifesté samedi après-midi à Tunis pour dénoncer le "budget d'austérité" présenté la veille par le gouvernement, avant son examen au Parlement.
Drapeaux de la Tunisie et du parti en mains, ces manifestants se sont rassemblés devant le théâtre municipal sur l'avenue Habib Bourguiba, la principale artère de la capitale, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Nous nous opposons à ce budget. C'est un budget d'austérité qui va aggraver la situation des couches populaires. (...) Il suit les diktats du FMI (Fonds monétaire international, ndlr) et de la Banque mondiale", a déclaré à l'AFP le député Nizar Hammami, dont le parti compte 15 membres --sur 217-- à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP).
"Il faut tout changer pour aller trouver la croissance. Reproduire les mêmes politiques ne fera que reproduire les mêmes situations, on l'a bien vu en Grèce", a-t-il ajouté.
Approuvé vendredi par le conseil des ministres, le projet de loi de finance (PLF) 2017 table sur une croissance de 2,5%, contre moins de 1,4% cette année. Il prévoit de ramener le déficit public de 6,5 à 5,5% du PIB.
Entré en fonctions début septembre, le gouvernement de Youssef Chahed fait quelques concessions, en renonçant à augmenter la TVA ou à diminuer les subventions des produits de base.
Mais il prévoit, malgré l'opposition du puissant syndicat UGTT, un gel des salaires dans la fonction publique pour un moins une année, à condition qui plus est que la croissance atteigne 3% en 2017.
Le gouvernement fait valoir que la Tunisie, qui a signé en mai un nouveau prêt de 2,6 milliards d'euros sur quatre ans avec le FMI, se trouve en "état d'urgence économique" et financière. L'UGTT réclame toutefois une meilleure "répartition des sacrifices".
Dans un pays marqué par de multiples conflits depuis sa révolution de 2011, la paix sociale était au cœur de l'initiative de gouvernement d'union nationale portée l'été dernier par le président Béji Caïd Essebsi.
Cette démarche a abouti à la nomination comme Premier ministre de Youssef Chahed, un jeune quadragénaire. Avec l'examen du projet de budget par l'ARP, M. Chahed et son équipe pourraient vivre leur "heure de vérité", a estimé samedi le quotidien La Presse dans un éditorial.