PARIS (Reuters) - Bouygues (PA:BOUY) a réaffirmé mardi n'avoir aucune intention de sortir des secteurs des télécoms et de la télévision, après des informations de presse prêtant à Orange des visées sur ces deux activités.
Le groupe de BTP, propriétaire de l'opérateur Bouygues Telecom et du groupe de télévision TF1 (PA:TFFP), a indiqué dans un bref communiqué n'avoir "aucun projet de sortie des secteurs des télécoms et de la télévision" et a réaffirmé son "ancrage durable dans ces deux industries".
Bouygues avait déjà douché les espoirs de consolidation du marché des télécoms en juin dernier avec le rejet sans appel de l'offre d'Altice (AS:ATCE), maison-mère de Numericable-SFR.
Pour sa part, Orange s'est refusé à tout commentaire lundi soir face à des "rumeurs de presse qui animent artificiellement le marché depuis maintenant deux ans".
Le numéro un français des télécoms travaille cependant avec des banques pour réfléchir à ses options dans la consolidation annoncée du marché européen des télécoms, sans avoir identifié de cible à ce jour. Deux sources au fait du dossier ont dit à Reuters qu'il avait mandaté BNP Paribas (PA:BNPP) et Morgan Stanley (N:MS) pour le conseiller.
Selon l'agence Bloomberg, qui cite des sources proches du dossier, Orange aurait engagé des discussions préliminaires avec Bouygues en vue de lui racheter ses actifs dans les télécommunications et les médias.
Ce scénario est cependant jugé "tout à fait irréaliste" par les analystes de Natixis, qui rappellent que l'opérateur est sorti de ses principaux investissements dans les médias, y compris récemment de Dailymotion, et qu'une consolidation dans les télécoms en France ne peut être entreprise par un groupe qui est déjà l'opérateur dominant.
OBSTACLES DE CONCURRENCE
Une telle opération, qui aboutirait au rapprochement des numéros un et trois du mobile en France, se heurterait en effet à d'importants obstacles en matière de concurrence. Orange avait un temps exploré un tel scénario en 2014 avant d'y renoncer, pour cause de barrières réglementaires mais aussi de prix demandé à l'époque par Bouygues pour sa filiale.
Une sortie de Bouygues du secteur des télécoms reste cependant une option jugée tout à fait plausible par les analystes de Natixis, malgré les dénégations de son PDG Martin Bouygues.
"Le 'non' à Numéricable-SFR en juin laisse la porte ouverte à une offre plus haute et, surtout, sans conditions liées à la concurrence".
Un autre analyste, lui aussi très sceptique sur un rachat de Bouygues Telecom par Orange, rappelle que ce dernier poursuit une stratégie de convergence entre fixe et mobile, contrairement à une convergence entre télécoms et médias.
Si les spéculations sur une consolidation du marché français se sont un temps taries pendant la période des enchères pour les fréquences 700 MHz, la fin du processus mi-novembre a relancé les conjectures.
(Pascale Denis, édité par Gwénaëlle Barzic)