Après des premiers jours en dents de scie, l'arrivée d'un temps estival a permis aux commerçants d'enregistrer des ventes en légère hausse pendant la première quinzaine des soldes d'été, même si cette progression risque d'être insuffisante pour sauver la saison.
L'Institut français de la mode (IFM) a publié vendredi des chiffres montrant une "légère hausse de 2% en valeur" des ventes d'articles d'habillement et de textile, pour la première quinzaine des soldes qui ont débuté le 26 juin pour une période de cinq semaines.
"Après un démarrage plutôt lent, la météo favorable maintient l’activité depuis le 2e weekend malgré les départs en vacances de juillet", a commenté Philippe Guilbert, directeur général de l'institut Toluna, qui publie un baromètre hebdomadaire sur l'évolution des soldes avec l'hebdomadaire professionnel LSA.
De plus, les commerçants "ont très vite soldé l'ensemble du magasin - la deuxième démarque est apparue dès le lundi suivant l'ouverture des soldes - y compris les pièces tendance, ce qui a crée un très fort niveau d'attractivité pour les consommateurs", a indiqué Aude de Moussac, experte consommation chez Kurt Salmon.
Pour l'IFM, le bilan reste malgré tout "contrasté", puisque ce sont surtout les chaînes de grande diffusion (Kiabi, la Halle) qui semblent avoir profité de cet engouement, réalisant des ventes en hausse de 5 à 10%.
Les indépendants multi-marques et les chaines spécialisées s'en tirent également bien, avec des chiffres d'affaires en augmentation de 0 à 5% par rapport à la période de soldes d'été 2012.
En revanche, les grandes surfaces (hyper et supermarchés) ainsi que les magasins populaires (type Monoprix) affichent des ventes en régression de 0 à 5%, selon l'IFM.
Au global, "on peut dire que ce n'est pas si mal", a commenté Gildas Minvielle, responsable de l'observatoire économique de l'IFM.
"On va sans doute terminer les soldes en très léger positif, à +2, +3%", a estimé Jean-Marc Génis, président de la Fédération des enseignes de l'habillement.
"Dans le contexte actuel, cela met un peu de baume au cœur, même s'il est encore trop tôt pour dire si cette éclaircie pourra se prolonger", a jugé Mme de Moussac.
Malgré tout, tous trois, à l'image de Jean-Pierre Mocho, de la Fédération du prêt-à-porter féminin, s'accordent à dire que "même si les ventes se font, cela ne sera pas suffisant pour sauver la saison".
"Pire saison depuis 30 ans"
"On était déjà à -4,5% à fin juin, donc même en finissant les soldes à +3%, cela ne permettra pas de rattraper le retard déjà accumulé", estime M. Génis.
"En plus, les soldes, ce n'est jamais une bonne affaire. Ca reste de la vente à perte", rappelle-t-il. D'autant que pour faire venir les consommateurs, 91% des commerçants ont consentis des rabais équivalents ou plus importants que l'an dernier.
Cela a "considérablement réduit les marges" des commerçants dont certains sont en grande difficulté, du fait d'un début de saison catastrophique, a expliqué Mme de Moussac.
Chez les indépendants, avec des chiffres d'affaires en baisse de -5 à -15% depuis le début de l'année, "on n'a jamais connu pire saison depuis trente ans", s'est alarmé Bernard Morvan de la Fédération nationale de l'habillement.
Malgré tout, "si les consommateurs se mobilisent", cela créera un effet volume qui relancera un peu la trésorerie, permettant au moins de "pérenniser les structures et de garantir les emplois", a-t-il estimé.
Malgré tout, les perspectives pour la fin de la saison ne sont guère optimistes, puisque seuls 19% des commerçants s'attendent à une évolution favorable.
En effet, selon Toluna, 74,1% des Français -soit la quasi-totalité de ceux qui avaient prévu de les faire - ont déjà effectué leurs emplettes à l'issue des 19 premiers jours de soldes.
Après, si le beau temps persiste, "on peut quand même s'attendre à un certain étalage des achats, notamment pour les pièces de plein été", estime Aude de Moussac.