Nicolas Sarkozy va s'efforcer en novembre, quand il aura pris la tête du G20, de convaincre la Chine de participer à des discussions sur la valeur du yuan, un sujet jusqu'alors tabou pour Pékin, ont rapporté samedi le Financial Times et le Wall Street journal en ligne.
De nombreux partenaires commerciaux de la Chine, dont les Etats-Unis, se plaignent de la sous-évaluation du yuan et pressent pour que le gouvernement chinois le réévalue afin de redresser leur balance commerciale.
Réformer le système monétaire international pour garantir une plus grande stabilité est un des objectifs affichés par Nicolas Sarkozy pour sa présidence du G20 qui démarre le 12 novembre pour un an. Dans ce cadre là, il espère convaincre son homologue chinois Hu Jintao de discuter des taux de change, et de participer à une meilleure coordination mondiale sur ce sujet.
Selon l'Elysée, la question de la monnaie chinoise ne sera toutefois pas directement abordée lors du sommet Asie-Europe qui se tient lundi et mardi à Bruxelles. "Le thème est plus large" que celui du yuan ou des parités de taux de change, a indiqué la présidence.
"Ce n'est pas d'ailleurs sous cet angle que la France aborde la réforme du système monétaire international. Nous voulons une approche constructive", a-t-on ajouté, en suggérant que plusieurs grands pays émergents, pas uniquement la Chine, seraient sollicités pour des discussions sur la réduction des risques de volatilité des monnaies.
"Est-ce qu'on peut mettre en place des filets de sécurité, un système d'assurance dont le FMI serait le responsable et le gestionnaire? C'est une des questions posées. C'est sous ces angles-là, concrets et positifs, qu'on souhaite amener à une réflexion", a-t-on poursuivi à l'Elysée. Le thème du yuan serait alors "traité indirectement par les réponses qu'on apportera aux questions qui seront posées".
Le 25 août, dans son traditionnel discours aux ambassadeurs, Nicolas Sarkozy avait déploré "l'instabilité des changes (qui) fait peser une menace essentielle sur la croissance mondiale". Il avait jugé "souhaitable, nécessaire même" de "mettre en place des instruments pour éviter l'excessive volatilité des monnaies". Conscient des réticences déjà exprimées par les Etats-Unis ou la Chine notamment, il avait proposé de déminer le terrain par la réunion en Chine d'un séminaire de spécialistes sur la question.
De source diplomatique française on a assuré samedi, contrairement à ce que laisse entendre le Financial Times, qu'aucune négociation secrète n'avait eu lieu entre Paris et Pékin sur ces thèmes qui seront au menu du G20.
Aux Etats-Unis, la Chambre des représentants a voté mercredi à une très large majorité pour un projet de loi prévoyant des droits de douane punitifs contre les produits chinois franchissant les frontières si la Chine ne laisse pas s'apprécier significativement sa monnaie.