Total (PA:TOTF), un de ses sous-traitants et un autre prévenu comparaissent à partir de lundi devant le tribunal correctionnel de Dunkerque après le décès accidentel d'un employé sur le site de la raffinerie de Mardyck (Nord) à la suite d'une explosion en 2009.
Le groupe pétrolier français, tout comme ce sous-traitant, Ortec, utilisateur d'un hangar de ce site près de Dunkerque, sont poursuivis en tant que personnes morales pour "homicide et blessures involontaires" et "infractions sur l'hygiène et la sécurité", tout comme un salarié d'Ortec.
Le 29 janvier 2009, une terrible explosion avait retenti en milieu d'après-midi dans un hangar quelque peu en retrait de la raffinerie classée Seveso II, une secousse si violente que les tôles du bâtiment s'étaient décrochées. Dans la déflagration, un salarié, brûlé sur tout le corps, était décédé sous les yeux de ses collègues, dont cinq furent également grièvement brûlés.
A l'origine de l'incident: l'inflammation d'un nuage de gaz autour d'un camion de pompage qui aspirait des boues résiduelles dans un bassin de rétention.
Après plus de six ans d'instruction liée à des investigations longues et des expertises complexes, il semblerait que le camion contenait encore plusieurs centaines de litres d'essence d'une précédente opération, qui auraient dû être retirées ("dépotées"), favorisant la fuite des vapeurs inflammables.
Le procès prévu jusqu'à mardi devrait établir les responsabilités de cet accident: est-il davantage lié à l'imprudence du collègue, lui-même grièvement brûlé et qui s'est également porté partie civile, ou à des règles de sécurité pas suffisamment claires de Total et Ortec?
"La personne physique, qui a été blessé, on va lui reprocher d'avoir eu une attitude dangereuse, même si ce n'est pas toujours évident pour lui. Mais je ne veux pas minimiser le rôle des personnes morales, notamment dans une industrie où on n'a pas le droit à l'erreur avec une nécessité constante de précaution", explique à l'AFP le procureur de la République de Dunkerque, Sébastien Piève.
"Les trois prévenus contestent leurs responsabilité et se renvoient la balle", poursuit-il.
Total estime en effet de son côté "que le plan de prévention était aux normes. Nous avons respecté nos obligations au regard de la législation", se défend Me Jean-Benoît Lhomme, avocat du pétrolier.
Ce que conteste l'ouvrier poursuivi, chauffeur du camion: "mon client est dévasté, traumatisé depuis cette date car il a perdu un collègue mais aussi un ami. Brûlé au visage, il avait été arrêté pendant 8 mois et souffrait de stress post-traumatique", déclare son avocate Me Amale Kenbib.
Pour cette dernière, "le plan de prévention de Total n'était pas suffisant" et, réclamant sa relaxe, considère que l'ouvrier, "du fait de sa compétence, n'a pas fait d'erreur manifeste".
Les personnes morales risquent jusqu'à 225.000 euros d'amende alors que l'ouvrier encourt 3 ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.