BORDEAUX-PARIS (Reuters) - Les professionnels du tourisme font part de leur préoccupation à l'approche de l'Euro de football face à l'érosion des réservations, en raison des violences qui ont émaillé les manifestations, des grèves dans les transports et des problèmes d'approvisionnement en carburants.
Alain Juppé, favori à droite pour la présidentielle de 2017, s'est inquiété vendredi des répercussions négatives pour l'image de la France et la fréquentation touristique de la mobilisation syndicale contre la réforme du Code du travail qui va durer selon lui "des semaines et des semaines".
"Ça va durer des semaines et des semaines, et si la CGT continue le bras de fer avec le gouvernement, nous risquons d'avoir à nouveau des violences", a dit à la presse l'ancien Premier ministre, évoquant les discussions parlementaires qui doivent reprendre à la mi-juillet.
"Ça peut avoir un effet tout à fait négatif sur l'image de la France. Quand vous voyez les images à la télévision à l'étranger, plus de train, plus d'avion, des manifestations dans les rues, des violences, des heurts (…), il est évident que ça peut avoir un impact à la fois sur la fréquentation touristique et plus particulièrement sur l'Euro", a souligné le maire de Bordeaux, qui est également président du club des villes-hôtes du championnat d'Europe.
"Je me demande si ce n'est pas fait pour ça, hélas. Mais ça va à l'encontre de l'intérêt national et de l'intérêt des Français", a-t-il ajouté.
L'Euro de football se déroule en France du 10 juin au 10 juillet.
RÉSERVATIONS ANNULÉES
L'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) s'est alarmée "des conséquences graves, économiques et sociales, des mouvements de blocage" et "des images aux conséquences néfastes pour la destination France" déjà affectée par les attentats du 13 novembre dernier.
L'organisme, contacté vendredi par Reuters, n'était pas en mesure d'établir à ce stade une tendance générale en raison de chiffres disparates selon les régions, mais il évoque des annulations de réservations pour le week-end à hauteur de 50% sur le littoral en Bretagne et dans les Hauts-de-France.
Le Groupement national des indépendants de l'hôtellerie et de la restauration (GNI) cite vendredi une enquête qui "montre que les taux d’occupation dans le secteur de l’hôtellerie sont redescendus au niveau de ceux des semaines qui ont suivi les attentats de novembre 2015 et que les tarifs ont baissé de 22%."
"La saison touristique à venir est en péril", estime le GNI dans un communiqué.
"Je crois que même si cela s'arrêtait demain, le mal est quand même déjà un peu fait. Les images qui sont passées à l'étranger font peur. Quand vous voyez une voiture de police brûler, cela ne vous invite pas à venir dans le pays concerné. Les images mettront du temps à être effacées", a estimé vendredi sur RFI Vincent Sitz, président de la commission Emploi, Formation, Handicap du GNI-Synhorcat.
Interrogé sur BFM TV, le président de l'Union professionnelle artisanale (UPA), Jean-Pierre Crouzet, a évoqué les inquiétudes de ses adhérents, qui n'acceptent pas "la paralysie du pays et les violences".
"Ils sont confrontés pour certains d'entre eux à la casse de leur vitrine, à la casse de leur magasin, à l'éloignement du consommateur et là, véritablement, il y a de gros gros problèmes", a-t-il déclaré en précisant que l'alimentation, l'hôtellerie et les services étaient les plus affectés.
"A un moment où on avait touché le fond de la piscine, où on commençait à sortir la tête de l'eau, on nous replonge une nouvelle fois et ça, on ne peut pas l'accepter", a-t-il déclaré.
(Claude Canellas avec Myriam Rivet et Elizabeth Pineau, édité par Sophie Louet)