par Nina Chestney
LONDRES (Reuters) - Les principaux pays industrialisés comptent produire en 2030 une quantité d'énergie fossile plus de deux fois supérieure à celle qui serait compatible avec une limitation du réchauffement climatique, montre mercredi un rapport sur le changement climatique des Nations unies et de groupes de recherche.
Certains des plus importants producteurs d'énergies fossiles au monde, dont l'Australie, la Chine, le Canada et les États-Unis, comptent parmi ceux qui cherchent à en accroître considérablement l'offre.
Dans le cadre de l'accord de Paris de 2015, que les Etats-Unis devraient réintégrer sous la présidence de Joe Biden, les signataires se sont engagés à contenir l'augmentation de la température moyenne de la planète à un niveau inférieur à 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels et à poursuivre leurs efforts afin de limiter la hausse à 1,5°C.
Alors qu'il faudrait diminuer la production d'énergies fossiles de 6% par an d'ici 2030 pour limiter l'augmentation de la température à 1,5°C, les pays producteurs prévoient au contraire une hausse annuelle moyenne de 2%, selon le rapport publié par le Programme des Nations unies pour l'environnement.
Entre 2020 et 2030, la production mondiale de charbon devrait reculer de 11%, celle de pétrole de 4% et celle de gaz de 3% pour être en accord avec un objectif de 1,5°C. Mais les prévisions des gouvernements indiquent une augmentation annuelle moyenne de 2% pour chacune de ces ressources.
"L'écart est important alors que les pays cherchent à produire d'ici 2030 120% d'énergies fossiles de plus que ce qui serait compatible avec une limitation du réchauffement climatique à 1,5°C", indique le rapport.
AIDE MASSIVE AUX ÉNERGIES FOSSILES AVEC LA PANDÉMIE
Cette année, les mesures de confinement visant à enrayer la pandémie de COVID-19 ont entraîné une baisse à court terme de la production de charbon, de pétrole et de gaz.
Mais les prévisions et les mesures des pays producteurs antérieurs à la crise sanitaire indiquent que le décalage continuera de s'accroître entre la production de combustibles fossiles et les objectifs à atteindre, entraînant de graves perturbations climatiques, selon le rapport.
À ce jour, les membres du G20 ont mobilisé 233 milliards de dollars (192,7 milliards d'euros) en faveur des secteurs dépendants de combustibles fossiles contre 146 milliards de dollars pour les énergies vertes, dans le cadre des mesures prises pour lutter contre la crise économique liée au COVID-19.
Joe Biden a promis de mettre fin aux subventions américaines aux combustibles fossiles, qui se chiffrent en milliards de dollars par an, mais il se heurtera probablement à la résistance de membres du Congrès, y compris au sein du camp démocrate.
"Les gouvernements doivent s'efforcer de diversifier leurs économies et de soutenir les employés, notamment via des mesures de relance qui ne s'enferment pas dans des filières de combustibles fossiles non durables mais soutiennent au contraire une relance verte et durable", a déclaré le secrétaire général de l'Onu, António Guterres.
Pour le cinquième anniversaire de l'accord de Paris, les Nations unies organisent la semaine prochaine un sommet virtuel destiné à accroître la pression sur les gouvernements pour des objectifs ambitieux pour le climat.
(Version française Laetitia Volga, édité par Jean-Stéphane Brosse)