par Melanie Burton
MELBOURNE (Reuters) - Le Premier ministre australien Scott Morrison a refusé samedi d'adopter un calendrier de sortie des énergies fossiles à l'approche de la conférence de Glasgow sur le climat, affirmant la position de son pays comme l'un des plus réticents à lutter contre le changement climatique bien qu'il en subisse fortement les effets.
Son vice-Premier ministre, Barnaby Joyce, a de son côté catégoriquement rejeté l'objectif de "zéro émission nette" de gaz à effet de serre prôné par de nombreux experts pour limiter le réchauffement de la planète.
Les appels se sont multipliés pour que l'Australie, premier exportateur mondial de charbon et gros exportateur de gaz naturel, s'engage à réduire ses émissions de CO2 avant la conférence des Nations unies pour le climat (COP26) où la communauté internationale entend fournir en novembre un cadre concret à l'Accord de Paris conclu en 2015.
Le Fonds monétaire international (FMI) a demandé vendredi à Canberra de se fixer un calendrier contraignant de réduction des émissions de CO2 et le ministre australien des Finances, Josh Frydenberg, a lui-même mis en garde contre une hausse des taux d'emprunt qui risque d'attendre son pays s'il ne s'engage pas à parvenir au "zéro émission nette" en 2050, comme l'ont déjà fait de nombreuses puissances.
Dans une interview accordée aux médias australiens après un déplacement à Washington, Scott Morrison a répondu que son gouvernement n'avait pas encore pris de décision concernant les émissions de gaz à effet de serre, et refusé de s'engager à réduire les exportations d'énergie fossile, cruciales pour l'économie du pays.
PRÉSERVER LE NIVEAU DE VIE DES AUSTRALIENS
"Nous n'avons pas à le faire parce que le changement se fera de manière progressive", a expliqué le chef du gouvernement australien à la chaîne SBS.
"Nous travaillons sur les technologies et les carburants de transition et sur les technologies qui pourront nous mener au zéro émission nette d'ici 20 à 30 ans. Ca ne se fera pas du jour au lendemain", a-t-il justifié.
Scott Morrison était déjà membre du gouvernement qui avait torpillé un projet de taxation carbone après avoir remporté les élections législatives en 2013.
Son vice-Premier ministre, climatosceptique revendiqué, a exclu pour sa part d'engager l'Australie sur la voie d'une réduction à zéro des émissions nettes de CO2, sans garantie notamment que cela n'affecte pas l'emploi.
"Nous voulons être sûr qu'il n'y ait pas de conséquences déraisonnables ou de perte d'emplois dans nos régions", a-t-il dit à la chaîne ABC.
Barnaby Joyce, dont le Parti national représente surtout les circonscriptions rurales, a fait valoir que les revenus des mines et des énergies fossiles étaient indispensables pour préserver la qualité de vie des Australiens.
"Les énergies fossiles sont nos principales exportations. Si nous renonçons à nos principales exportations, il faut accepter une baisse de notre niveau de vie", a-t-il affirmé.
(Version française Tangi Salaün)