PARIS (Reuters) - La maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, qui réclamait des mesures d'urgence face à un nouveau pic de pollution, a finalement obtenu gain de cause mardi avec la décision de la préfecture de police d'interdire les véhicules les plus polluants dans la capitale et sa proche banlieue.
L'équipe municipale, dont l'adjoint aux Transports Christophe Najdovski, réclamait depuis la semaine dernière la mise en oeuvre de cette mesure - déjà prise en janvier 2017, juillet et août 2018 (pic d'ozone) - pour réduire les émissions de particules fines, dénonçant une inertie coupable de l'Etat.
"Une mauvaise polémique" pour Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement et candidat putatif à la mairie de Paris, qui a raillé l'approche "égoïste" de la municipalité.
Le préfet de police, Michel Delpuech, a annoncé dans un communiqué que la circulation différenciée (interdiction de circuler pour les véhicules les plus polluants munis d'une vignette Crit'Air 4 ou 5) serait appliquée mercredi dans le périmètre délimité par l'A86 (Paris, communes des Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne).
Seuls les véhicules arborant une vignette de classe 0 à 3 pourront circuler entre 05h30 et minuit.
Cette mesure fait suite à une prévision défavorable de l'Association de surveillance de qualité de l'air en Ile-de-France (Airparif), qui annonce pour mercredi une concentration de particules fines supérieure au seuil d'information et de recommandation fixé à 50 μg/m³.
En raison d'une chaleur inhabituelle pour la saison et d'un anticyclone tenace, ce seuil avait déjà été franchi jeudi et vendredi derniers (respectivement 74 μg/m³ et 71 μg/m³), mais la préfecture de police s'était limitée jusqu'ici à une mesure de réduction de la vitesse de 20 km/h sur les autoroutes et les voies rapides en Ile-de-France. Ces mesures sont maintenues.
Le système de circulation différenciée - qui remplace depuis 2017 le mode de circulation alternée, jugé inégalitaire - est théoriquement déclenché quand le seuil dit d'alerte (80 μg/m³)est dépassé.
"LA POLLUTION, ÇA NE S'ARRÊTE PAS AU PÉRIPHÉRIQUE"
"La semaine dernière, (...) le seuil de 80 n'a jamais été atteint. Quand il a atteint 70, on a pris des mesures de baisse de la circulation qui ont permis de redescendre à 30 ou 40", a fait valoir le ministre de la Transition écologique, en marge d'une visite au Salon de l'agriculture.
"Je souhaite que l'on puisse continuer à travailler avec la maire de Paris, mais sur la base des constatations de qualité de l'air ou de pollution de l'air, et sur la base des prévisions météo", a ajouté François de Rugy, assurant d'un "dialogue" constant avec la mairie.
Pour Anne Hidalgo, "l'Etat doit prévoir des restrictions de circulation immédiates dès que les experts annoncent un pic de pollution". "Il a fallu sept jours pour que nous obtenions gain de cause. La santé de nos concitoyens ne devrait pas être sujet à débat", a-t-elle réagi dans un communiqué.
"La pollution et la lutte contre la pollution atmosphérique, ça doit dépasser le clivages politiques, échapper à la petite politique politicienne de bon matin", avait déclaré Benjamin Griveaux mardi matin sur franceinfo.
"La pollution, ça ne s'arrête pas au périphérique. Lorsqu'on prend des décisions dans Paris, ça impacte les habitants de la petite couronne", avait-il poursuivi, avant la publication du communiqué de la préfecture.
"Il faut arrêter de se comporter de manière égoïste", a-t-il dit, avant de conclure : "Avoir déplacé la pollution du centre de Paris vers les Grands boulevards et vers notamment l'est de Paris, je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur service rendu pour la qualité de l'air à Paris."
La réplique de Christophe Najdovski, sur Twitter (NYSE:TWTR), a été cinglante : "Les mesures anti-pic de pollution sont prises à l'échelle métropolitaine. Quand on aspire à gouverner la capitale on se renseigne sur la réglementation existante".
"Réduire les émissions de polluants se fait au bénéfice de tous, c'est ce que montrent les études d'@Airparif. M. Griveaux fait étalage de sa méconnaissance du sujet et de l'inaction du gouvernement à protéger les populations face à la pollution de l'air."
(Sophie Louet avec Julie Carriat et Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)