Investing.com - Le prix de l’or vient de franchir la barre symbolique des 3 000 $ pour la toute première fois, marquant ainsi un nouveau sommet historique dans un contexte d’incertitudes économiques et de tensions commerciales. Cette hausse fulgurante s’inscrit dans une tendance déjà bien établie depuis le début de l’année 2025, avec le métal jaune enregistrant des gains sur trois mois consécutifs et attirant de plus en plus l’attention des investisseurs.
Un contexte international propice à l’or
La principale raison évoquée pour expliquer l’envolée du cours de l’or réside dans l’intensification des différends commerciaux. Le président américain Donald Trump a récemment menacé d’imposer des tarifs de 200 % sur les vins et champagnes européens, en réponse à la décision de l’Union européenne de taxer à 50 % le whiskey américain. Par ailleurs, les précédentes hausses de droits de douane sur l’acier et l’aluminium importés aux États-Unis ont déjà contribué à accroître les inquiétudes des marchés face à un possible ralentissement de la croissance mondiale.
Cette situation a renforcé le statut de valeur refuge de l’or, alimentant les flux d’investisseurs en quête de placements jugés moins risqués. Parallèlement, les récents indicateurs économiques aux États-Unis ont fait état d’une inflation plus faible que prévu, laissant entrevoir une potentielle baisse des taux directeurs de la Réserve fédérale (Fed) plus tard dans l’année. Les traders y voient un signal favorable pour l’or, du fait que des taux plus bas diminuent le coût d’opportunité lié à la détention d’un actif ne versant pas d’intérêts.
Une performance impressionnante
Les cours ont affiché une progression hebdomadaire de plus de 2,5 %. Cela représente la troisième séance consécutive de hausse et témoigne de la robustesse de la tendance. Pour certains spécialistes, cette ascension pourrait se prolonger. Des prévisions avancées par plusieurs analystes font état d’un potentiel de hausse jusqu’à 3 200 $ dans les semaines à venir, voire 3 254 $ selon certains modèles chartistes (notamment l’analyse des retracements de Fibonacci).
La banque BNP Paribas (EPA:BNPP), par exemple, a récemment mentionné un objectif de cours à 3 200 $ pour le deuxième trimestre. D’autres acteurs du marché soulignent toutefois le risque d’un repli technique à court terme : le seuil psychologique des 3 000 $ pourrait inciter certains investisseurs à prendre leurs bénéfices. Les analystes conseillent donc la prudence, considérant qu’une consolidation est courante après des franchissements de niveaux clés.
Des marchés en ébullition
Les propos offensifs de la Maison-Blanche en matière de tarifs douaniers ont aussi pesé sur les taux obligataires américains, lesquels avaient atteint un pic sur cinq jours avant de retomber. Les investisseurs redoutent que la confrontation commerciale ne s’intensifie davantage, ouvrant la voie à un ralentissement économique mondial plus prononcé. Dans ce contexte de défiance vis-à-vis des actifs risqués, les flux vers l’or et d’autres placements défensifs (comme certaines obligations souveraines) se sont intensifiés.
Les perspectives de croissance en Chine, quant à elles, influencent également le marché des métaux industriels tels que le cuivre. La Banque populaire de Chine (PBoC) a annoncé de nouvelles mesures de soutien monétaire, incluant d’éventuelles baisses de taux et des interventions pour stabiliser le yuan. Ces dispositions, visant à stimuler l’activité économique, ont pour effet de favoriser la demande de matières premières, soutenant en parallèle le sentiment haussier sur l’or grâce à l’optimisme global sur les métaux.
Quelles perspectives pour les semaines à venir ?
La réunion de la Fed prévue les 18 et 19 mars sera scrutée de près : si les taux restent inchangés comme prévu (près de 97 % de probabilité selon le CME FedWatch Tool), les déclarations qui suivront pourraient donner des indices sur la suite de la politique monétaire américaine. Dans l’éventualité où l’inflation resterait modeste et la croissance incertaine, la probabilité d’un assouplissement monétaire dans les mois à venir augmenterait, ce qui pourrait constituer un nouveau catalyseur pour l’or.
Du côté de la demande industrielle et de la joaillerie, la Chine continue de montrer des signes d’enthousiasme : des groupes spécialisés dans l’orfèvrerie et la bijouterie ont enregistré des hausses notables en Bourse, preuve d’un regain d’intérêt pour le métal jaune. Par ailleurs, selon Marcus Garvey, responsable de la stratégie sur les matières premières chez Macquarie Group, les fonds adossés à l’or conservent encore une marge de progression : leurs avoirs se situent toujours 20 % en dessous du pic de 2020, signe qu’il reste de la place pour de nouveaux afflux.
En définitive, l’or pourrait bien poursuivre son ascension, soutenu par un environnement international incertain et des taux bas. Néanmoins, les opérateurs de marché devront composer avec une volatilité potentiellement élevée autour de ce seuil historique de 3 000 $. Les fondamentaux (inflation, politique de la Fed, escalade commerciale) resteront à surveiller de près pour anticiper l’évolution du cours du métal précieux dans les prochaines semaines.