Le dollar accélérait ses pertes mercredi, plombé par un regain d'inquiétudes sur la vigueur de la reprise aux Etats-Unis, évoluant au plus bas depuis huit mois face à l'euro, depuis 15 ans face au yen, tandis que le franc suisse enregistrait des records historiques face au dollar.
Vers 16H40 GMT (18H40 à Paris), l'euro valait 1,3932 dollar contre 1,3834 dollar lundi soir, après avoir atteint 1,3948 dollar, son niveau le plus élevé depuis le 3 février.
Le dollar continuait de se replier face au yen, à 82,82 yens, contre 83,21 yens la veille. Le dollar est descendu jusqu'à 82,77 yens vers 16H00 GMT, un niveau sans précédent depuis mai 1995.
De son côté, l'euro progressait face à la monnaie nippone à 115,44 yens contre 115,11 yens mardi soir.
L'euro a accusé un brusque accès de faiblesse peu après 11H00 GMT, dégringolant jusqu'à 1,3799 dollars après une nouvelle dégradation de la note de l'Irlande par l'agence de notation financière Fitch, en raison du coût jugé "exceptionnel" du sauvetage des banques du pays par l'Etat.
Mais la monnaie unique européenne a promptement regagné le terrain perdu, voyant sa hausse confortée après la publication de chiffres du cabinet de conseil en ressources humaines ADP.
Ces derniers, première indication avant le rapport mensuel sur l'emploi et le chômage américains publié vendredi, ont fait état de 39.000 suppressions nettes de postes en septembre dans le secteur privé aux Etats-Unis, alors que les analystes tablaient sur 18.000 embauches nettes.
La devise américaine s'est instantanément effondrée face à l'euro et au yen, mais aussi vis-à-vis du franc suisse: la devise helvétique est montée jusqu'à 0,9599 franc pour un dollar, un record historique.
"L'étude ADP témoigne d'une détérioration inquiétante" du marché de l'emploi de la première économie mondiale, et "ravive les craintes d'un retour en récession. Cela renforce les spéculations des marchés sur de très prochaines mesures d'assouplissement quantitatif par la Réserve fédérale américaine (Fed)", commentait Paul Ashworth, analyste du cabinet Capital Economics.
Ces mesures, que pourrait prendre la Fed pour soutenir une économie vacillante, passeraient par des rachats d'actifs et donc des injections de liquidités propres à peser sur le dollar.
Un tel scénario est jugé de plus en plus probable par les opérateurs après une série d'indicateurs en demi-teinte aux Etats-Unis et des commentaires de responsables de la Fed, tel Charles Evans mardi, qui a jugé nécessaires des mesures de relance monétaire supplémentaires.
Par ailleurs, les premiers signes d'une "guerre des changes" se confirmaient alors que le Premier ministre chinois Wen Jiabao a demandé mercredi aux Européens d'arrêter de "faire pression pour une réévaluation du yuan", soulignant qu'une appréciation brusque de la monnaie créerait des tensions sociales en Chine.
Vers 16H40 GMT, la devise helvétique était stable face à l'euro à 1,3393 franc suisse pour un euro, et grimpait face au billet vert à 0,9613 franc suisse pour un dollar, un niveau sans précédent.
La livre britannique baissait face à l'euro à 87,60 pence pour un euro, après avoir touché 87,64 pence, son plus bas niveau depuis mai. Elle progressait face au billet vert, à 1,5903 dollar.
L'once d'or a terminé à 1.346,50 dollars au fixing du soir contre 1.330,50 dollars mardi, après avoir atteint 1.349,80 dollars vers 04H50 GMT, battant ainsi un record historique datant de la veille.
La monnaie chinoise a terminé à 6,6805 yuans pour un dollar contre 6,6905 yuans mardi.