Le nouveau gouvernement portugais a annoncé mardi la suspension de la construction de la ligne de train à grande vitesse (LGV) Lisbonne-Madrid, dans le cadre de son programme pour les quatre prochaines années remis au parlement.
Tout en s'engageant à "appliquer scrupuleusement les mesures négociées avec le Fonds monétaire international et l'Union européenne", le gouvernement de coalition de droite se veut "plus ambitieux dans le processus d'ajustement de l'économie portugaise" afin de se "prémunir contre d'éventuels risques externes et internes".
Parmi les mesures qui n'étaient pas prévues par le plan d'aide international, le gouvernement va "suspendre" la construction de la LGV Lisbonne-Madrid, dont l'achèvement était prévu pour 2013. Ce projet pourra faire l'objet d'une "éventuelle renégociation".
Cette ligne, dont le premier contrat de construction avait été signé en mai 2010, devait permettre de relier les deux capitales ibériques en moins de trois heures et de raccorder le Portugal au réseau européen à grande vitesse.
"Si elle se confirme, c'est une mauvaise décision", a déploré le ministre espagnol chargé des Transports, José Blanco. "Il s'agirait d'un sérieux problème de communication" entre les deux capitales, a-t-il jugé.
Projet-phare du gouvernement socialiste de José Socrates, il était depuis longtemps décrié par la droite au nom de la réduction de l'endettement public, qui a atteint les 93% du PIB l'an dernier.
Le projet, côté portugais, avec un budget estimé à 3,3 milliards d'euros, piétine: le tronçon Lisbonne-Poceirao a fait l'objet d'un appel d'offres qui a depuis été annulé et reporté sine die, tandis que pour Poceirao-Caia, près de la frontière, les travaux, prévus début 2011, n'ont jamais débuté.
Versant espagnol en revanche, où le budget atteint 3,8 milliards, la voie est bien tracée avec des travaux démarrés en 2007 et qui devraient être bouclés en 2013. Selon le gestionnaire du réseau ferroviaire espagnol (Adif), près de la moitié du trajet est déjà en chantier.
"Le fait que le Portugal ne construise pas sa partie ne signifie pas que le gouvernement espagnol ne construira pas la sienne", a espéré Guillermo Fernandez, le président sortant de la région espagnole d'Estrémadure (sud-ouest), frontalière du Portugal et qui doit être traversée par la LGV.
La construction du nouvel aéroport international de Lisbonne, dont l'ouverture était programmée pour 2017, sera également "réévaluée".
Dans le domaine du marché du travail, la coalition de droite envisage la création d'un contrat unique. La suppression des contrats à durée déterminée serait alors accompagnée d'une "simplification" des règles de licenciement pour les nouveaux contrats.
Le gouvernement portugais a en outre l'intention d'élargir le vaste programme de privatisations déjà prévues aux médias publics, avec la cession d'une chaîne de télévision publique, d'une radio et de l'agence de presse Lusa.
Le programme du gouvernement de Pedro Passos Coelho, qui sera débattu au parlement jeudi et vendredi, reprend largement les mesures de rigueur et de réformes négociées en mai avec l'UE et le FMI en échange d'une aide de 78 milliards d'euros.
Les "mesures supplémentaires de caractère structurel", comme la suspension de la LGV vers l'Espagne, ont été adoptées afin de "garantir le respect et l'anticipation des objectifs auxquels s'est astreint le pays et restaurer ainsi la confiance internationale dans son économie", affirme le gouvernement, qui doit ramener le déficit public de 9,1% du PIB en 2010 à 3% en 2013.