Le Sénat italien a adopté jeudi un plan d'austérité renforcé, qui doit encore être définitivement approuvé vendredi par les députés, afin d'éviter une propagation de la crise de la dette à l'Italie qui mettrait en danger l'ensemble de la zone euro.
Au cours d'un vote de confiance, 161 sénateurs ont voté pour ce plan, 135 contre et trois se sont abstenus. Le gouvernement posera de nouveau la question de confiance au cours de l'adoption à l'Assemblée vendredi.
"Comme sur le Titanic, même les passagers de première classe ne seront pas sauvés", a averti le ministre de l'Economie et des Finances, Giulio Tremonti, avant le vote, alors qu'une propagation de la crise à l'Italie mettrait à genoux l'ensemble de la zone euro dont elle est la troisième économie.
L'Italie est prise pour cible par les marchés depuis la fin de la semaine dernière en raison de son énorme dette publique de 1.900 milliards d'euros, représentant environ 120% du PIB, ce qui fait dangereusement grimper le coût de l'emprunt pour ce pays.
Après un répit de deux jours, le bond jeudi des taux italiens à des niveaux record au cours d'une émission obligataire de près de 5 milliards d'euros a ravivé les craintes et la Bourse de Milan a clôturé sur une baisse de 1,07%.
Afin de rassurer les marchés, la cure d'austérité, qui doit permettre au pays de parvenir à un quasi-équilibre budgétaire en 2014 et de réduire sa dette à environ 112% du PIB, selon les prévisions du gouvernement, a été renforcée.
Le montant des mesures s'élève donc désormais à près de 48 milliards d'euros d'ici à 2014, contre 40 milliards initialement.
"Sans l'équilibre budgétaire, la dette publique, ce monstre dont nous avons hérité, dévorerait notre avenir et celui de nos enfants", a mis en garde M. Tremonti qui souhaite inscrire dans la Constitution la "règle d'or" de l'équilibre budgétaire.
Face à la panique des marchés, majorité et opposition s'étaient mises d'accord pour faire voter ce plan le plus rapidement possible.
L'opposition de gauche et du centre a donc accepté de ne pas déposer d'innombrables amendements, mais a voté contre le texte et exige toujours la démission de Silvio Berlusconi, ce que ce dernier refuse catégoriquement.
Parmi les mesures destinées à réduire le déficit figurent le lancement d'un plan de privatisations en 2013, l'introduction d'un ticket modérateur, le gel des salaires et des embauches des fonctionnaires et une sévère réduction des dotations des collectivités locales.
Les mesures sur les retraites ont été en outre renforcées tandis que du côté des recettes, des coupes seront effectuées dans les niches fiscales et les stock-options seront taxées plus sévèrement.
Alors qu'ils ne parviennent pas à surmonter leurs divergences sur les modalités d'un nouveau plan d'aide à Athènes, et en particulier sur la participation des créanciers privés, la brusque dégradation mercredi par l'agence Fitch de la note de la Grèce a rappelé aux dirigeants européens le besoin urgent d'une réponse à la crise.
"Les prochains jours sont particulièrement cruciaux", a déclaré jeudi le Premier ministre grec Georges Papandréou alors que les créanciers privés étaient réunis une nouvelle fois à Rome pour tenter d'avancer sur la question épineuse de leur participation.
La convocation d'un sommet de la zone euro, un temps envisagé vendredi, pour prendre une décision sur la Grèce et circonscrire la crise se profilait pour les "prochains jours", comme l'a indiqué le chef du gouvernement belge Yves Leterme.
La chancelière allemande Angela Merkel a en revanche fait une nouvelle fois preuve de prudence en indiquant que la zone euro était "en train de tenter (de) parvenir le plus rapidement possible" à une solution.