par Lucia Mutikani
WASHINGTON (Reuters) - Les entreprises américaines ont continué de recruter à un rythme soutenu en novembre et le taux de chômage est tombé à son plus bas niveau depuis plus de neuf ans à 4,6%, ce qui rend quasi-certaine une hausse de taux de la Réserve fédérale dans moins de deux semaines.
Le département du Travail a fait état vendredi de 178.000 emplois non-agricoles créés le mois dernier, alors que les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne un chiffre de 175.000.
La révision des statistiques de septembre et octobre se solde toutefois par 2.000 créations de postes de moins qu'annoncé jusqu'à présent.
La baisse de trois dixièmes de point du taux de chômage le mois dernier, qui le ramène à son plus bas niveau depuis août 2007, résulte à la fois de l'augmentation du nombre de chômeurs ayant trouvé un emploi et de celle du nombre de sorties de la population active. Le consensus Reuters tablait sur un taux de chômage stable à 4,9%.
Seul point négatif du rapport mensuel sur l'emploi: le salaire horaire moyen a diminué de 0,1% le mois dernier après un bond de 0,4% en octobre. Sur un an, sa hausse est ainsi ramenée à 2,5% contre 2,8% en octobre, qui marquait sa plus forte hausse en près de sept ans et demi.
Cette modération salariale apparente s'explique toutefois pour l'essentiel par un effet de calendrier qui ne devrait pas entrer en compte dans les débats de la Réserve fédérale.
Le comité de politique monétaire de la banque centrale se réunira les 13 et 14 décembre et devrait, selon une écrasante majorité des observateurs, décider d'une nouvelle hausse de taux.
LE TAUX DE PARTICIPATION À L'EMPLOI RESTE FAIBLE
"Ce rapport sur l'emploi solide va encourager un peu plus la Réserve fédérale à relever les taux mi-décembre", estime Mohamed El-Erian, principal conseiller économique d'Allianz (DE:ALVG). "S'il n'y avait pas le ralentissement de la croissance des salaires, ce rapport aurait incité la Fed à être offensive en matière de taux au vu de l'amélioration marquée du taux de chômage et de la baisse du taux de participation."
Le dollar variait peu après la publication du rapport sur l'emploi et Wall Street s'acheminait vers une ouverture quasi-stable, tandis que les rendements des emprunts d'Etat américain refluaient.
Le marché américain du travail est désormais proche du plein emploi, ce qui explique le ralentissement des créations d'emplois, revenues à 180.000 par mois en moyenne cette année contre 229.000 en 2015.
Ce rythme reste toutefois plus que suffisant pour absorber les entrées sur le marché de l'emploi. Selon la présidente de la Fed, Janet Yellen, l'économie doit créer un peu moins de 100.000 postes par mois pour s'adapter à la croissance de la population active.
Le taux de participation à l'emploi, c'est-à-dire la part des Américains en âge de travailler qui occupent ou recherchent un poste, a diminué de 0,1% en novembre à 62,7% mais reste proche de ses plus bas niveaux depuis plusieurs décennies, ce qui reflète en partie l'évolution démographique aux Etats-Unis.
Le détail des statistiques de novembre montre que le secteur de l'industrie manufacturière a supprimé 4.000 postes, son quatrième mois de réduction des effectifs. La construction a parallèlement créé 19.000 emplois qui s'ajoutent aux 14.000 du mois précédent. Quant à la distribution, elle a supprimé 8.300 emplois.
(Marc Angrand pour le service français, édité par Patrick Vignal)