PARIS (Reuters) - A trois mois des élections européennes, Emmanuel Macron a lancé samedi un appel à l'unité et à la mobilisation pour défendre l'agriculture européenne face aux "offensives" de grandes puissances et à des tentations de "renationalisation" chez certains Etats membres.
"Il y a une exigence première, une exigence d'unité", a déclaré le chef de l'Etat français lors d'un discours au Salon de l'agriculture à Paris. "L'Europe agricole (...) a toujours été une évidence, elle est aujourd'hui menacée, elle l'est depuis l'extérieur par des grandes puissances qui n'hésitent plus à adopter des stratégies offensives pour imposer leurs normes et leurs standards."
"Menacée, l'Europe agricole l'est aussi de l'intérieur parce que ceux qui, sous prétexte que la PAC (politique agricole commune-NDLR) serait imparfaite, qu'elle n'est pas leur priorité, voudraient la renationaliser, voudraient une PAC réduite aux acquêts", a-t-il ajouté devant quelque 500 personnes, dont le commissaire européen à l'Agriculture Phil Hogan et le négociateur européen sur le Brexit Michel Barnier.
"Quelques semaines avant les élections européennes et alors que la nouvelle PAC est en cours de discussion à Bruxelles, (je veux) exhorter à l'unité et à la mobilisation", a-t-il ajouté.
"Si nous cédons à l'esprit de division, alors dans cinq, dix, quinze ans, nous ne pourrons plus garantir une alimentation saine, traçable", a-t-il souligné. "Aucun agriculteur, aucun consommateur ne souhaite être soumis aux diktats des non-européens."
"PAS UN EURO DE PLUS"
Traditionnelle toile de fond du Salon de l'agriculture, l'avenir de la Politique agricole commune (PAC) prend cette année une nouvelle dimension à l'approche de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne programmée le 29 mars prochain au soir.
Le Brexit, qui doit se traduire à terme par la fin de l'union douanière et le rétablissement des contrôles sanitaires, nourrit les inquiétudes au sein de la filière agro-alimentaire française, dont le Royaume-Uni est le troisième client.
"Je sais que plusieurs filières aujourd'hui craignent un contexte changeant, je sais que nos pêcheurs craignent les effets du Brexit", a dit le chef de l'Etat, assurant que la France défendrait l'ensemble "avec force face à ces changements subis".
Face aux inquiétudes des agriculteurs français, Emmanuel Macron a martelé que la France, principale bénéficiaire des aides agricoles, n'"accepterait pas" une réduction du budget de la PAC.
"La France défend à ce moment à Bruxelles un budget ambitieux, un budget qui doit traduire les conséquences du Brexit, mais pas plus, pas pour un euro de plus", a-t-il déclaré, sans plus de précisions.
La nouvelle PAC, a-t-il poursuivi, doit tenir "trois promesses" pour sa jeunesse agricole: protection des agriculteurs et consommateurs; transformation vers plus d'écologie; anticipation en misant sur la recherche et en abordant la question du renouvellement des générations.
Au lendemain d'une réunion à Bucarest des ministres européens du Commerce, Emmanuel Macron a par ailleurs réaffirmé la "ligne rouge" française concernant la signature d'accords commerciaux avec les Etats-Unis dans le domaine de l'agriculture.
"Aucun accord commercial ne saurait autoriser des produits ne respectant pas les standards européens, environnementaux, sanitaires, et sociaux", a-t-il martelé. "Sinon c'est demander aux producteurs européens de faire des efforts, des évolutions et le jour d'après ouvrir des accords commerciaux avec des pays qui ne respectent aucun des standards que nous sommes en train de définir. C'est absurde."
(Marine Pennetier et Gus Trompiz, édité par Henri-Pierre André)