Marine Le Pen, en visite mardi au Salon de l'agriculture, a appelé à "franciser les aides" aux agriculteurs, fustigeant l'"échec absolu" de la Politique agricole commune (PAC) de l'Union européenne.
"Il faut revoir totalement le système des aides. Il faut franciser les aides, évidemment pas les baisser mais les distribuer différemment", a plaidé la candidate du Front national dont le parti a effectué ces dernières années des percées électorales dans la France rurale.
"Il faut faire l'inverse de ce que fait l'UE. Il ne faut pas financer par des aides l'hectare, mais il faut financer les bonshommes", a déclaré la patronne du FN, qualifiant "l'échec absolu" de la Politique agricole commune menée par l'Union européenne.
"On veut maintenir le système des aides via une politique agricole nationale afin de définir nous-mêmes où vont ces aides", a expliqué aux journalistes la députée FN du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen, présente elle aussi au salon.
La candidate du FN a appelé à ce que "l'argent des Français" et "des collectivités serve à acheter des produits agricoles français", et à mettre un terme à "la concurrence déloyale, et (aux) accords de libre-échange".
"On s'aperçoit que la grande distribution aujourd'hui contribue à l'effondrement de la situation des exploitants. Les exploitants doivent avoir un revenu décent, être payés, il faut leur rendre une part de leur plus-value", a-t-elle lancé.
La visite de la candidate FN a fait l'objet de quelques actes de protestation, en marge du cortège.
A une trentaine de mètres d'elle, Philippe Nolot, patron d'une maison d'édition, frappe sur une casserole, référence aux affaires judiciaires autour de Mme Le Pen et du candidat de la droite: "qu'elle et Fillon arrêtent !".
Le service d'ordre FN évacue deux jeunes membres d'une association féministe qui voulaient lui remettre "le prix de l'imposture pour sa soi-disant défense des femmes", a l'approche de la Journée des femmes le 8 mars.
Devant ses charolaises, Didier Chassot, éleveur dans l'Allier, se dit lui séduit par "le changement" proposé par Mme Le Pen. "Qu'est ce qu'on risque?", demande-t-il. "Elle pose les bonnes questions", abonde Christian Perrin, agriculteur et maire de Sainte-Barbe (Moselle).
"Des promesses, comme les autres", balaie de son côté Jérôme, éleveur de limousines dans la Vienne.
Benoît Poillot, éleveur de vaches et moutons à Thoisy-la-Berchère (Côte d'Or), "ne croit pas que (Marine Le Pen) soit la solution. Ses idées en matière de politique européenne seraient une catastrophe pour les agriculteurs. On dépend des aides européennes".
"Elle est très populiste, c'est très alléchant pour le monde agricole dans la panade, mais c'est très réducteur. Moi je suis pour l'euro. On sait pas quoi voter... Fillon c'est mort et il y a pas de plan B, C ou D", se désole Etienne Adam, éleveur de Prim'Holstein à Besançon.
De nombreux éleveurs interrogés par l'AFP se sont dits indécis sur leur vote.
Entre deux passages dans les travées du Parc des Expositions, Marine Le Pen a rencontré les professionnels des filières laitière, porcine et bovine, des rendez-vous fermés à la presse.