L'Autorité des marchés financiers (AMF) a commencé sa troisième journée d'auditions sur l'affaire EADS mercredi, en abordant la question cruciale des retards de l'Airbus A380, sur laquelle le témoignage de la firme britannique BAE sera "déterminant" selon la défense.
L'AMF soupçonne des dirigeants actuels ou passés d'EADS et d'Airbus de s'être enrichis indûment en vendant des actions du groupe, alors qu'ils avaient connaissance des retards de l'A380 avant qu'ils ne soient rendus publics en juin 2006.
Le témoignage du groupe britannique BAE, ancien actionnaire d'Airbus, va être examiné mercredi et devrait être "déterminant", selon Olivier Gutkès, un des avocats de Noël Forgeard, l'ex-coprésident d'EADS qui est mis en cause aux côtés de seize autres personnes dans ce dossier.
En 2006, BAE avait vendu sa participation de 20% au capital d'Airbus à EADS pour 2,75 milliards d'euros, après l'annonce officielle des retards de l'A380.
Mais le groupe en avait demandé beaucoup plus lorsqu'il avait dévoilé en avril son intention de vendre sa participation. Pour la défense, cela signifie que BAE --qui a participé début mars à un comité des actionnaires d'Airbus où la question de l'A380 a été évoquée-- ne pensait pas que l'action allait ensuite chuter à cause du très gros porteur.
"L'attitude de BAE démontre qu'il n'y avait pas d'information privilégiée", estime Me Gutkès.
Le témoignage écrit de Mike Turner, le PDG du groupe britannique à l'époque, doit être étudié mercredi lors de l'audition de l'AMF.
Autre pièce qui sera étudiée : le témoignage de consultants du cabinet McKinsey, missionné par Airbus entre décembre 2005 et juin 2006 pour régler les problèmes de production de l'A380. Ces consultants s'étaient à l'époque montrés confiants sur la capacité d'Airbus à rattraper son retard sur son très gros porteur.