Areva (PA:AREVA) a signé en 2016 un sixième exercice consécutif dans le rouge, mais le groupe nucléaire français a divisé sa perte nette par trois, le lancement d'une vaste restructuration lui ayant permis de partiellement contrebalancer un marché défavorable.
"Ce n'est pas satisfaisant d'être en perte mais on voit bien (...) que le groupe est sur la voie du redressement", a assuré le directeur financier, Stéphane Lhopiteau, lors d'une conférence téléphonique.
Areva a accusé une perte nette de 665 millions d'euros l'an dernier, contre un déficit de 2,04 milliards en 2015, quand le groupe public avait dû passer d'importantes provisions pour restructuration et essuyé de lourdes pertes additionnelles sur son projet de construction d'un réacteur EPR en Finlande (OL3).
A la Bourse de Paris, l'action Areva a cédé 2,66% à 4,60 euros dans un marché en hausse de 2,10%.
Le spécialiste du nucléaire a dit mercredi avoir continué à souffrir en 2016 d'un environnement "très difficile", marqué par une forte baisse des prix de marché de l'uranium et de l'enrichissement ainsi qu'un ralentissement des services sur les réacteurs en exploitation.
Les actifs miniers ont ainsi été dépréciés de 316 millions d'euros.
Areva a également comptabilisé un complément de perte de 116 millions d'euros pour le projet OL3, portant l'ardoise totale provisionnée pour ce chantier difficile à 5,6 milliards d'euros, tandis que les anomalies dans des dossiers de fabrication à la forge du Creusot (Saône-et-Loire) ont entraîné une provision de 121 millions d'euros pour les coûts de vérification ou de refabrication notamment.
Suite à ces anomalies, "à ce stade il n'y a pas de contentieux initié par les clients", dont l'électricien français EDF (PA:EDF), "mais certains d'entre eux ont réservé leurs droits sur les impacts des sujets qualité", a indiqué le directeur général, Philippe Knoche, lors d'une conférence de présentation des résultats.
- Recapitalisation en juin -
Mis à mal par des choix stratégiques hasardeux et la morosité du marché de l'atome, Areva a engagé une vaste restructuration pour assurer sa survie.
Outre la suppression de 6.000 emplois, des cessions et un plan d'économies de 1 milliard d'euros à l'horizon 2018, déjà réalisé à plus de 70%, le groupe projette deux augmentations de capital d'un total de 5 milliards d'euros, dont 4,5 milliards apportés par son actionnaire majoritaire, l'Etat français.
Ces levées de fonds sont "prévues en juin", dit le groupe, sous réserve de la levée des conditions préalables posées par la Commission européenne: l'autorisation du rachat de l'activité réacteurs (hors OL3) par EDF et la conclusion positive des analyses des anomalies observées sur la cuve de l'EPR de Flamanville (Manche).
Deux milliards d'euros seront injectés dans Areva SA, holding de tête du futur groupe restructuré, au prix de 4,50 euros par action.
Le solde de 3 milliards, dont 500 millions souscrits par les groupes japonais MHI et JNFL, est destiné à NewCo, nouvelle entité dont les activités iront de l'extraction d'uranium jusqu'au démantèlement des centrales, après la cession de l'activité réacteurs à EDF fin 2017.
Ces activités refondues ou destinées à être cédées ont généré un chiffre d'affaires de 7,54 milliards d'euros en 2016, dont 4 milliards pour NewCo (-3,7%) mais comptablement, elles ne sont désormais plus incluses dans le chiffre d'affaires d'Areva.
Ce dernier, divisé par trois à 10 millions d'euros en 2016, ne comprend plus que des activités résiduelles, comme le chantier OL3 ou la bioénergie en cours d'arrêt.
Le flux de trésorerie net des activités de l'entreprise est négatif de 621 millions d'euros (contre -590 millions en 2015), dans le haut de la fourchette visée par le groupe.