PARIS (Reuters) - Le gouvernement a consenti jeudi à un dégel du point d'indice pour les fonctionnaires à hauteur de 1,2%, une mesure de plus de 2,4 milliards d'euros que les syndicats ont accueillie comme une première étape de rattrapage de pouvoir d'achat.
La ministre de la Fonction publique, Annick Girardin, avait proposé dans un premier temps une hausse de 1%, avec 0,5% en novembre 2016 et 0,5% en mars 2017, mais les syndicats avaient rejeté ce chiffre et dénoncé pour certains "une provocation".
La ministre a ensuite avancé une offre améliorée, 1,2% de hausse : 0,6% au 1er juillet prochain et 0,6% au 1er février 2017. "Une mesure de justice", a-t-elle plaidé.
Les syndicats, dont les revendications salariales, bien supérieures, ne sont pas satisfaites, vont désormais soumettre cette proposition à leurs adhérents.
"Le geste significatif que vient de faire le gouvernement est juste et était nécessaire", a déclaré la ministre à la presse à l'issue des discussions. "C'est un effort qui représente plus de 2,4 milliards d'euros sur le budget de la France", a-t-elle ajouté.
La valeur annuelle brute du point d'indice revalorisé sera de 56,2302 euros bruts, selon le ministère. Pour un enseignant en poste depuis dix ans, et qui gagne en moyenne 25.948,15 euros bruts par an, la hausse est de 311,38 euros bruts par an.
Annick Girardin a souligné que le gel du point d'indice, qui était en vigueur depuis 2010, avait permis à l'Etat d'économiser plus de sept milliards d'euros. Elle a chiffré à 1,3% la perte de pouvoir d'achat depuis 2010 pour les trois fonctions publiques.
"UNE PAGE EST TOURNÉE"
"Le dégel, c'est un premier geste pour les agents de la Fonction publique, mais il reste insuffisant à l'heure d'aujourd'hui", a réagi Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU.
"Nous avons dit à la ministre que ce n'était pas un solde de tout compte et qu'il fallait désormais discuter d'un plan de rattrapage salarial", a-t-elle ajouté, évaluant à 7 à 8% la perte de pouvoir d'achat en six ans pour les fonctionnaires.
Jean-Marc Canon, secrétaire général de l'Union générale des fédérations de fonctionnaires CGT, a dit son insatisfaction.
"Pour nous, la page des salaires, y compris pour 2016, est loin d'être tournée. Aujourd'hui le dégel est acté, il nous faut peser pour obtenir plus", a-t-il dit à la presse.
Les représentants syndicaux des fonctionnaires ont refusé de se prononcer sur le maintien ou non de la journée d'action prévue le 22 mars. La CGT confirme une semaine d'action du 21 au 25 mars, sans accent particulier sur le 22 pour l'instant.
"On est dans une logique où on commence à amorcer un rattrapage de pouvoir d'achat", a jugé Serge Hérard, président des fonctions publiques CFE-CGC. "Nous étions venus avec des chiffres plus ambitieux, c'est plutôt de la déception, mais il y a quand même un effort", a-t-il dit.
"Une page est tournée, celle du dégel du point d'indice. Nous souhaitons désormais que la question salariale se pose chaque année", a déclaré pour sa part Luc Farré, secrétaire général de l'Unsa-Fonction publique.
La CFTC, qui réclamait une hausse de 2% pour 2016, a dit sa déception.
Un prochain rendez-vous salarial est prévu fin 2017.
Bercy estime que cette hausse est compatible avec la trajectoire des finances publiques de la France, qui prévoit un déficit public ramené à 3,3% de la richesse nationale cette année après 3,8% en 2015, puis à 2,7% l'an prochain.
Selon l'Insee, la France comptait 5,64 millions de fonctionnaires à fin 2014, dont 2,48 millions pour l'Etat, 1,98 million dans les collectivités locales et 1,18 million dans les hôpitaux.
(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)