La France a lancé jeudi un plan national pour le développement des véhicules électriques et hybrides rechargeables avec l'objectif de produire 2 millions de ces véhicules à l'horizon 2020 et de se doter d'un million de points de recharge dès 2015.
En présence des constructeurs français, Renault et PSA Peugeot Citroën en tête, mais aussi Heuliez et Dassault, le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a insisté sur l'importance de "l'engagement" de tous les acteurs dans "la bataille de la voiture électrique".
Concrètement, le plan se déploiera dans les différents domaines du véhicule électrique, des batteries aux infrastructures de recharge, de la recherche à l'industrialisation.
Des achats groupés entre pouvoirs publics, grandes entreprises et collectivités assureront des commandes de 100.000 véhicules d'ici 2015. Animé par le président de la Poste Jean-Paul Bailly, un groupe de travail a établi un cahier des charges et recensé un premier marché de 5.000 commandes.
L'Etat a confirmé la pérennité jusqu'en 2012 du super-bonus de 5.000 euros pour les véhicules émettant moins de 60 g de CO2/km.
L'objectif est de "faire de l'industrie énergétique et automobile française des leaders mondiaux", a lancé Jean-Louis Borloo.
"Aucun acteur ne peut prendre le risque tout seul, mais si tous les acteurs le prennent en même temps, ça marche", a affirmé M. Borloo.
A l'horizon 2030, le développement de la filière du véhicule "décarboné" devrait générer en France une activité économique de 15 milliards d'euros, selon le ministère. Ces véhicules devraient représenter 27% du marché en 2025.
En 2015, un réseau d'un million de points de recharge sera constitué, implanté à 90% au domicile ou sur le lieu de travail. Pour le compléter, 75.000 points de recharge publics (voirie, parkings) sont prévus.
Le réseau de recharge passera à 4 millions de prises en 2020, soit l'équivalent de deux prises par véhicule.
L'investissement global pour les infrastructures publiques est estimé à 1,5 milliard d'euros, dont 900 millions pourraient être cofinancés par l'Etat via le grand emprunt.
Dans le domaine privé, les constructions d'immeubles neufs avec parking intégreront dès 2012 des prises de recharge et les parkings d'immeubles de bureaux en seront dotés d'ici 2015.
D'autre part, l'Etat participera à la création de la filière de batteries, en investissant 125 millions d'euros par l'intermédiaire du Fonds stratégique d'investissement (FSI) dans le projet d'usine de batteries de Renault à Flins (Yvelines), a annoncé M. Estrosi. L'investissement total sera de 625 millions d'euros. Les batteries produites pourront être vendus à d'autres clients.
L'Etat accordera aussi un prêt jusqu'à 150 millions d'euros à Renault pour sa future usine de voitures électriques de Flins, a ajouté M. Estrosi. Une enveloppe de 100 millions d'euros sera aussi disponible pour appuyer d'autres constructeurs comme Peugeot à Mulhouse ou Smart à Hambach.
"Nous partageons les ambitions du gouvernement en matière de CO2", a assuré Philippe Varin, président de PSA Peugeot Citroën, qui prévoit des véhicules électriques dès 2010 et des hybrides rechargeables en 2012. M. Varin a appelé l'Etat à "accompagner la démarche des constructeurs" avec une "stabilité dans le temps" des aides publiques.
"Nous sommes sur la même longueur d'onde que le gouvernement", a renchéri Patrick Pelata, directeur général délégué de Renault, qui vient de présenter sa future gamme de quatre voitures électriques pour 2011-2012. Le "challenge est d'aller le plus vite possible vers des économies d'échelle", a-t-il observé.