par Lefteris Papadimas et Caroline Copley
ATHÈNES/BERLIN (Reuters) - L'Allemagne, premier créancier de la Grèce, a déclaré lundi que la zone euro ne débloquerait pas de nouvelle aide à Athènes tant que le gouvernement d'Alexis Tsipras n'aurait pas fourni une liste plus précise de réformes et donné à certaines d'entre elles force de loi.
Un haut responsable de la zone euro a jugé dimanche que la liste soumise vendredi au Groupe de Bruxelles (Commission européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne) était davantage un assemblage d'idées qu'un projet susceptible d'être présenté à l'Eurogroupe.
Le porte-parole du ministère allemand des Finances Martin Jäger a renchéri lundi. "Il nous faut attendre que la partie grecque nous présente une liste globale de réformes qui servirait de base de discussion convenable avec les institutions puis avec l'Eurogroupe", a-t-il déclaré.
"La balle est dans le camp de la Grèce", a-t-il ajouté, tout en soulignant qu'il s'agissait de négociations "compliquées" et "très techniques" qui demandaient forcement du temps.
"Tout dépend de la qualité de la liste grecque et dans quelle mesure ils couvrent les éléments qui ont déjà été mentionnés dans le protocole d'accord," a-t-il dit. "Il ne s'agit pas seulement de mettre en place une procédure à Bruxelles mais des mesures devront aussi être votées au parlement à Athènes."
Athènes n'a pas répondu dans l'immédiat à la question de savoir si une nouvelle liste de réformes serait présentée avant l'intervention du Premier ministre Alexis Tsipras au parlement ce lundi sur l'état des négociations à Bruxelles.
Des responsables grecs et européens, qui ont poursuivi les négociations ce week-end dans l'espoir d'avancer suffisamment pour permettre aux ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) de débattre à nouveau de la question, ont dit qu'il faudrait plusieurs jours pour mettre au point une liste convenable.
Le "groupe de travail Eurogroupe", instance préparatoire des travaux de l'Eurogroupe et de la Commission européenne, doit se réunir le 1er avril à 17h00 pour discuter des réformes, a-t-on appris d'une source à Bruxelles.
LE TEMPS PRESSE POUR ATHÈNES
Le gouvernement d'Alexis Tsipras a de moins en moins de temps pour convaincre ses partenaires européens de sa volonté de mener à bien les réformes et équilibrer ses comptes. La Grèce sera en défaut de paiement le 20 avril si elle n'obtient pas de nouvelle aide de ses partenaires européennes, a déclaré la semaine dernière une source proche du dossier.
La question des réformes est un sujet sensible pour le nouveau gouvernement grec qui a approuvé dimanche la liste de réformes censées rendre son économie plus compétitive et ses finances publiques viables, avec des objectifs d'un excédent budgétaire primaire de 1,5% du PIB cette année et d'une croissance à 1,4%, a indiqué un responsable du gouvernement.
La Grèce n'a pas non plus renoncé à son objectif de renégocier les conditions de sa dette afin de la rendre plus gérable, a déclaré lundi le vice-ministre des Finances du pays alors que se poursuivent les négociations sur une liste de réformes permettant de débloquer une nouvelle aide financière.
"Les solutions sont connues -c'est soit la décote, soit la prolongation, ou alors (le remboursement) sera lié à une augmentation de la production ou des exportations, ou bien encore il y aura des taux d'intérêt plus bas", a dit le secrétaire d'Etat aux Finances Dimitris Mardas au quotidien économique Naftemporiki.
La dette grecque a atteint plus de 177% du produit intérieur brut (PIB) du pays l'an dernier. Le nouveau gouvernement en place depuis janvier a promis d'exiger de ses créanciers l'effacement d'une grande partie de cette dette.
Un responsable du ministère des Finances a précisé lundi que le gouvernement grec avait notamment proposé, dans sa liste soumise à la semaine dernière, la création d'une structure de défaisance ("bad bank") et estimé que les ventes d'actifs publics rapporteront moins que prévu.
La "bad bank" serait dotée des 10,9 milliards d'euros provenant du Fonds hellénique de stabilité financière (FHSF) et qui ont été restitués le mois dernier à la zone euro.
Athènes s'engageait en outre à limiter les départs anticipées à la retraite tout en se refusant à toute augmentation des taxes dans le secteur clé du tourisme.
Les recettes attendues cette année des privatisations -1,5 milliard d'euros- sont inférieures de 30% environ à l'objectif de 2,2 milliards prévu dans le plan de sauvetage de la Grèce.
(Avec George Georgiopoulos, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)