par Gilles Guillaume
PARIS (Reuters) - PSA et Opel seront rapidement complémentaires si leur rapprochement aboutit, le premier fournissant les technologies qui vont manquer à la filiale européenne de General Motors (NYSE:GM) tandis que celle-ci apportera au groupe français la marque allemande qui lui fait défaut.
Le groupe PSA est en discussion avec GM pour lui racheter Opel et Vauxhall. Selon des sources proches du dossier, l'opération pourrait être annoncée début mars et produire à terme entre 1,5 milliard et deux milliards d'euros de synergies annuelles grâce à des achats communs et à la généralisation des plateformes PSA pour les modèles Opel.
Lors de la présentation jeudi des résultats 2016 de PSA, le président du directoire, Carlos Tavares, a déclaré que le projet, s'il se conclut, produirait rapidement des synergies et qu'Opel pourrait retrouver un niveau de profitabilité proche du niveau actuel de PSA, alors qu'il perd de l'argent depuis une dizaine d'années.
"La situation d'Opel aujourd'hui présente beaucoup de similarités avec celle à laquelle nous étions confrontés il y a quatre ans", a-t-il déclaré en référence à la grave crise vécue par le groupe sochalien en 2012. "Cette entreprise a besoin d'aide, on ne peut pas éternellement finir chaque année dans le rouge. Vu ce que nous avons nous-mêmes accompli, nous pensons que PSA peut les aider."
Carlos Tavares entend confier à la direction d'Opel un plan de redressement s'inspirant du "Back in the race" qui a permis à PSA de rebondir de manière spectaculaire via d'importantes économies, des réductions d'effectifs et l'optimisation de ses sites et de ses programmes. Le groupe a publié jeudi un résultat net 2016 quasi doublé et une marge opérationnelle record.
"Nous assisterons la direction d'Opel en lui fournissant des objectifs de référence, mais ce sera un plan Opel", a poursuivi le président du directoire de PSA.
UNE MARQUE ALLEMANDE DANS LE PORTEFEUILLE
Carlos Tavares a confirmé viser plus de cinq millions de ventes annuelles pour la nouvelle entité d'ici quelques années, contre 4,3 millions en additionnant les volumes 2016 des deux groupes.
Selon une source proche du dossier, il a également indiqué mercredi au conseil de surveillance que la migration des modèles Opel vers l'architecture de PSA devrait commencer dès le renouvellement de la petite Corsa, un des best-sellers de la marque Opel, programmé pour 2019.
Le sujet est sensible pour l'ingénierie en Allemagne, où est domiciliée la moitié des 38.000 emplois d'Opel, et le projet de rachat d'Opel par PSA a été dans un premier temps accueilli par une levée de boucliers outre-Rhin.
Carlos Tavares s'estime cependant en mesure de surmonter les réticences, au vu notamment des trois programmes communs de véhicules déjà lancés entre les deux groupes. "La question n'est pas de débattre de quelle technologie est la meilleure, la question est celle du départ de la technologie de GM et son remplacement par celle de PSA", a-t-il expliqué, ajoutant que l'ingénierie allemande se verra confier une partie des développements futurs.
Opel sera également complémentaire pour PSA sur des marchés où les marques françaises peinent à percer face aux allemandes.
"L'intégration respectera l'identité de cette entreprise, qui restera une entreprise allemande, tout simplement parce que c'est notre intérêt (car) ce que nous voulons, c'est avoir une marque allemande dans le portefeuille de marques de l'entreprise", a ajouté Carlos Tavares.
Créé en 1976 avec le rachat par Peugeot (PA:PEUP) de Citroën, le groupe s'est articulé pendant près de quarante ans autour de ses deux seules marques françaises historiques.
"On est passé maintenant d'une logique bi-marques à une logique de portefeuille", a observé Yves Bonnefont, directeur de DS, en marge de la conférence de presse.
La mutation s'accélère depuis quelques années avec la naissance de la marque premium DS en 2015, la création de la marque Free2Move (autopartage, location) en 2016, et peut-être l'ajout éventuel en 2017 d'une marque allemande et d'une marque britannique.
(Edité par Jean-Michel Bélot)