Oui ou non à un aéroport à Notre-Dame-des-Landes? Les habitants de Loire-Atlantique se prononçaient dimanche sur l'avenir de ce projet controversé, lors d'une consultation inédite en France, voulue par l'exécutif pour sortir de l'impasse sur ce dossier vieux de 50 ans.
Les 967.500 électeurs du département sont invités à répondre par "oui" ou par "non" à la question: "Êtes-vous favorable au projet de transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes?".
Les 1.051 bureaux de vote seront ouverts jusqu'à 18H00 dans la plupart des 212 communes de Loire-Atlantique et jusqu'à 20H00 à Nantes.
Le résultat, connu dimanche soir, doit décider des suites à donner à ce projet, décidé dans les années 1960 et déclaré d'utilité publique en 2008.
En cas de victoire du "non", le projet sera "abandonné", en cas de victoire du "oui", les travaux débuteront "dès l'automne prochain", a réaffirmé le Premier ministre Manuel Valls à deux reprises, à l'Assemblée nationale mardi et au Sénat jeudi.
A 11H00, la participation s'élevait à 10,60% pour la seule commune de Nantes, qui compte 200 bureaux de vote. A Notre-Dame-des-Landes comme à Saint-Aignan-Grandlieu, commune attenante à l'actuel aéroport nantais, des files se formaient dès le début de la matinée devant les isoloirs.
"Entre 08H00 et 10H30, il y a eu une meilleure participation qu'à une élection classique. Je pense qu'il y aura beaucoup de participants jusqu'à 18H00", a déclaré à l'AFP Jean-Paul Naud, maire sans étiquette de Notre-Dame-des-Landes.
Dans l'un des quatre bureaux de Saint-Aignan-Grandlieu, sur 865 inscrits, 73 personnes avaient voté deux heures après l'ouverture du vote. Cette commune située au sud de Nantes a enregistré 130 procurations contre 30 pour un scrutin normal, a-t-on indiqué sur place.
- 'Devoir citoyen' -
"On nous demande notre avis, on le donne. Mais depuis le temps, le gouvernement aurait dû trouver une solution. On verra le résultat, et on verra s'ils le respectent surtout", témoigne Dominique, 63 ans, habitante de Saint-Aignan, après avoir fait son "devoir citoyen".
"Que ce soit oui ou non, qu'ils prennent une décision. Depuis des années, on ne sait pas à quelle sauce on va être mangés", abonde Olivier, 42 ans, après avoir glissé son bulletin dans l'urne à Notre-Dame-des-Landes.
Première du genre en France, cette consultation locale avait été annoncée le 11 février par François Hollande, dans l'optique de trancher sur ce dossier, qui empoisonne depuis le début de son quinquennat les relations entre socialistes et écologistes.
Pour organiser ce scrutin un peu "particulier", qui ne nécessite pas un seuil minimum de 50% de participation pour être validé, l'exécutif a dû prendre une ordonnance modifiant le Code de l'environnement. Taillée sur mesure pour Notre-Dame-des-Landes, elle donne aussi la capacité au gouvernement de lancer, sur d'autres projets, des scrutins similaires, et convoquer les électeurs par décret.
- Une concession de 55 ans pour Vinci -
Dénonçant une consultation "biaisée" et "illégitime", notamment en raison de son périmètre réduit à la seule Loire-Atlantique, réputée plus favorable au "oui", des associations et des particuliers ont tenté de faire annuler le scrutin par le Conseil d'État. Mais ce dernier l'a déclaré conforme, lors de deux décisions, lundi et mercredi.
Des responsables politiques, d'Europe Ecologie-Les Verts et du Parti de gauche, et les associations opposées de longue date au projet, ont annoncé qu'ils ne respecteraient qu'un seul résultat, la victoire du "non".
Même si peu favorable à l'origine à ce "référendum" consultatif, qui vient après la validation de toutes les procédures, le camp du "oui", collectivités locales en tête, a exhorté à une mobilisation massive dimanche. Dans le collimateur: les "zadistes", ces occupants anticapitalistes de la "Zone d'aménagement différé" prévue pour l'infrastructure, et que ces derniers ont rebaptisée "Zone à défendre".
"L'Aéroport du Grand Ouest", dont la concession a été attribuée en décembre 2010 au groupe de BTP Vinci pour une durée de 55 ans, devait initialement accueillir ses premiers avions en 2017. Les travaux n'ont jamais démarré, notamment en raison d'une forte contestation des opposants, devant les tribunaux et sur le terrain.