Le taux de chômage a légèrement augmenté au troisième trimestre, atteignant 10,5% en métropole (10,9% avec l'outre-mer) après un trimestre de stabilisation. Mais, si l'explosion semble contenue pour les jeunes, les seniors continuent eux à payer un lourd tribut.
Les chiffres publiés jeudi par l'Insee font état d'une légère hausse (+0,1 point) du taux de chômage en juillet, août et septembre. L'institut de la statistique a par ailleurs révisé à la baisse celui du 2e trimestre, à 10,4% au lieu de 10,5%, actant ainsi une stabilisation entre avril et juin, la première depuis début 2011.
Le chômage, mesuré par l'Insee selon les normes du bureau international du travail, reste toutefois à un niveau inégalé depuis plus de quinze ans. Sans atteindre le record absolu de 10,8%, enregistré en 1994 et 1997.
Sur un an, le taux a augmenté de 0,6 point, et plus de 3 millions de personnes sont désormais au chômage.
"On observe un ralentissement depuis début 2013, après deux années de hausse plus marquée", observe Frédéric Tallet, responsable de la cellule synthèse et conjoncture de l'emploi à l'Insee.
"Alors qu'on avait environ 60.000 chômeurs de plus chaque trimestre en moyenne entre mi-2011 et fin 2012, la hausse est environ deux fois moins importante depuis le début de l'année", estime-t-il.
Après deux trimestres de décrue, le chômage des jeunes est quant à lui resté stable au troisième trimestre à 24,5%. Il avait atteint un pic fin 2012, à 25,5%. Une stabilisation se dessine ainsi sur un an, avec toujours 664.000 jeunes en recherche d'emploi.
Mais la part des jeunes en emploi est elle aussi en baisse (-0,4 point sur un trimestre, -0,3 point sur un an), une "problématique qui mérite d'être creusée", selon Philippe Waechter, économiste chez Natixis.
"Cela veut dire que certains jeunes ne sont plus nulle part, ni à la recherche d'un emploi ni en emploi, et peut être un signe d'une certaine désocialisation", avance-t-il.
Des chiffres meilleurs qu'attendu
En revanche, du côté des seniors, la situation s'aggrave: 8% d'entre eux étaient au chômage au 3e trimestre (+0,5 point en trois mois, et 1,1 point en un an).
"Les plus de 50 ans sont les premières victimes d'une économie qui stagne et sur laquelle il faut faire des ajustements d'emplois", selon M. Waechter.
Autre fait notable, "le taux de chômage des hommes a rejoint celui des femmes", relève Frédéric Tallet. En raison certainement de l'hémorragie d'emplois dans l'industrie et la construction, où ils sont plus présents.
Globalement, les chiffres publiés jeudi sont meilleurs que ceux attendus par l'Insee, qui tablait en octobre sur 10,6% en métropole (11% outre-mer compris) au 3e trimestre. L'Insee prévoyait alors ensuite une stabilisation du chômage au quatrième trimestre 2013 à ce niveau, sans entrevoir l'inversion promise par François Hollande. De nouvelles prévisions seront publiées le 19 décembre.
Le deuxième "thermomètre" du chômage, celui du nombre d'inscrits à Pôle emploi, a été publié jeudi dernier. Le nombre des demandeurs d'emploi sans activité en métropole a nettement baissé en octobre, tout en restant à un niveau historiquement élevé (3,27 millions). François Hollande y a vu le signe que l'inversion promise de la courbe du chômage avant la fin de l'année est "amorcée".
Le FMI, la Commission européenne et l'OCDE ne voient toutefois pas de recul du chômage en France cette année ni en 2014, les économistes estimant qu'environ 1,5% de croissance annuelle est nécessaire pour inverser la tendance. Or, selon ces institutions, la croissance devrait tourner autour de zéro cette année et 1% l'an prochain.
Le taux de chômage du 4e trimestre sera dévoilé le 6 mars. A cette date, l'Insee publiera un taux revu à la baisse de 0,3 point, pour tenir compte de modifications dans le questionnaire réalisé chaque trimestre auprès de 100.000 personnes. Cette baisse sera appliquée à tous les chiffres passés pour permettre les comparaisons.