Début de semaine éprouvant pour EDF (PA:EDF), dernier du SBF 120 et qui décroche de 6,5% vers 11h après l'annonce de la démission de son directeur financier Thomas Piquemal. La presse est unanime quant à la raison de ce départ précipité et inattendu. Il s'agit selon elle du projet Hinkley Point, déjà décrié par certains analystes et qui suscite de (très) vifs débats en interne.
Rappelons que ledit projet, qui consacre le retour en grâce du nucléaire outre-Manche et est soutenu financièrement par le gouvernement britannique à hauteur de 2 milliards de livres, consiste en la construction de 2 réacteurs EPR devant être mis en service dans le courant de la prochaine décennie. Son coût est évalué à quelque 18 milliards de livres.
Le départ de Thomas Piquemal, remplacé à titre intérimaire par Xavier Girre, 47 ans, ci-devant directeur financier d'EDF pour la France, peut-il sonner son glas ? Selon des informations du Financial Times publiées en début de semaine dernière, plusieurs membres du conseil d'administration de l'électricien jugent en tous les cas la participation d'EDF de 66,5% trop conséquente à l'heure actuelle.
Tel était sans doute aussi l'avis du susnommé Thomas Piquemal, dont on pourrait penser qu'il n'a pas obtenu gain de cause.
Reste la question de l'arrivée de nouveaux investisseurs, en sus de la contribution de partenaires chinois 'conduits' par China General Nuclear Power Corporation (CGN), avec lesquels un accord stratégique d'investissement a été signé en octobre dernier, une hypothèse qui ne peut certainement pas être à exclure formellement. Tout comme celle, avancée par le Financial Times, d'un décalage d'un an de la décision d'investissement sur Hinkley Point...
EDF souhaitait au départ une participation de 40% de ces partenaires et ne peut plus compter sur Areva (PA:AREVA), sorti du projet il y a plusieurs mois et dont il était question qu'il prenne 10% du projet. D'après Les Echos, celui-ci impliquerait, pour être mené à bien, quelque 10 milliards d'euros de cessions d'actifs de l'électricien à horizon 2020.
Interrogé par nos confrères du JDD fin janvier, le PDG Jean-Bernard Lévy n'avait pas exclu une revente d'une partie des parts de l'électricien dans Hinkley Point à d'autres investisseurs, 'avant la fin de la construction et une fois que tout le monde aura vu à Flamanville (Manche) que l'EPR est un réacteur exception'. A l'époque, Les Echos avait de son côté fait état de pressions d'EDF sur l'Etat pour qu'une entité se substitue à Areva.
Entre désaccords en interne sur sa pertinence en l'état et flou financier, le projet Hinkley Point ressemble à un véritable sac de noeuds. Le caractère tarissable de la communication d'EDF sur ce sujet n'est peut-être pas fait pour arranger les choses du point de vue des investisseurs.
(G.D.)
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