Les prix du pétrole creusaient leurs pertes mardi en cours d'échanges européens, le prix du Brent coté à Londres descendant même sous le seuil des 100 dollars pour la première fois depuis juillet 2012, dans un marché hanté par le ralentissement de la reprise de l'économie mondiale.
Vers 10H30 GMT (12H30 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, valait 99,77 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 86 par rapport à la clôture de lundi.
Le prix du baril de brut est descendu mardi en début d'échanges asiatiques à 98,00 dollars, son niveau le plus faible depuis le 11 juillet 2012, tombant sous le seuil des 100 dollars pour la première fois en neuf mois.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai cédait 42 cents à 88,29 dollars, après avoir glissé dans les échanges asiatiques jusqu'à 86,06 dollars, au plus bas depuis la mi-décembre.
Les cours du baril continuaient de se replier après avoir dégringolé de plus de 2,50 dollars la veille, dans un marché toujours fragilisé par les indicateurs décevants publiés lundi aux États-Unis et en Chine, les deux principaux consommateurs de brut de la planète.
"Les cours du pétrole ont réagi très négativement au ralentissement totalement inattendu de la croissance économique chinoise au premier trimestre", et leur recul "a été amplifié par le mouvement de ventes massives sur l'ensemble des marchés de matières premières", rappelait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital.
Pour autant, "le marché était déjà très morose" la semaine dernière, sous le coup d'un regain d'inquiétude sur la demande mondiale, et après le plongeon enregistré lundi, "il ne faut pas s'attendre à un vigoureux sursaut des prix, qui devraient se stabiliser dans une fourchette étroite autour de 100 dollars", estimait-il.
Selon l'analyste, le passage mardi au contrat du Brent pour livraison en juin comme nouveau contrat de référence, après l'expiration lundi soir du contrat pour livraison en mai, amplifiait la faiblesse des cours du baril à Londres --car le contrat de juin s'échangeait ces derniers jours à un cours inférieur à celui de mai.
De son côté, "le WTI (échangé à New York) résiste un tout petit peu mieux, mais il n'est absolument pas immunisé contre la morosité des investisseurs face aux salves de statistiques économiques décevantes de par le monde", avertissait M. Kryuchenkov.
Pour autant, l'ampleur de la baisse des prix du baril "est difficile à justifier sur le seul plan des fondamentaux de l'offre et de la demande, et a été alimentée par le suivisme des opérateurs, emportés lundi dans un mouvement de vente massive", tempéraient les analystes de JBC Energy.
Selon eux, "les cours devraient rebondir dans les semaines à venir, notamment avec une progression des achats de la Chine (avec la reprise au printemps de l'activité manufacturière dans le pays, ndlr) et la fin des périodes de maintenance saisonnières des raffineries" au sortir de l'hiver dans l'hémisphère nord.
Par ailleurs, le passage du baril de Brent sous les 100 dollars, considéré comme un niveau de prix jugé idéal par l'Arabie saoudite, chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), pourrait inciter les membres du cartel à réduire leur production d'or noir pour aider à la remonté des cours, estimait-on chez Commerzbank.