PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, entend "remuscler" le projet de loi antiterrorisme qui revient à l'Assemblée nationale vendredi prochain, afin notamment de pouvoir "muter et radier un fonctionnaire radicalisé".
Après un premier passage à l'Assemblée nationale, le Sénat a assoupli le texte en tenant compte de certaines critiques du Conseil d'Etat.
"Même si la philosophie du texte et son équilibre n'ont pas été remis en cause, nous entendons revenir sur certains points", a déclaré Gérard Collomb dans une interview publiée dimanche dans le Parisien.
Notamment, le ministre de l'Intérieur veut pouvoir "muter et radier un fonctionnaire radicalisé lorsqu'il exerce des missions de souveraineté ou un métier en lien avec la sécurité", a-t-il ajouté, avant de préciser : "La mesure concernera les policiers, les gendarmes, les militaires, les douaniers et le personnel pénitentiaire."
"Quelques dizaines de situations font l'objet d'un suivi", a-t-il indiqué.
Plusieurs associations avaient appelé à manifester ce dimanche dans plusieurs villes contre cette réforme, dénonçant des dispositions qui mettent en danger les droits individuels.
A Paris, environ 600 personnes ont défilé entre le cimetière du Père Lachaise et la Place de la République, selon les chiffres de la Préfecture de Paris qui n'a pas déploré d'incident.
Gérard Collomb s'est défendu de vouloir mettre en place une suspicion généralisée.
"Le texte se limite aux individus pour lesquels il y a des raisons sérieuses de penser que leur comportement constitue une menace en raison de leur lien avec des organisations terroristes", s'est-il défendu.
"Ce n'est pas Monsieur Tout-le-Monde", a conclu le ministre de l'Intérieur.
(Cyril Camu, édité par Tangi Salaün)