par Tim Hepher
TEHERAN (Reuters) - L'Iran a dévoilé son intention de commander plus de 160 avions de fabrication européenne, dont huit très gros porteurs, mais se dit également intéressé par des appareils de Boeing (N:BA).
Témoignant de la volonté de Téhéran de se frotter aux transporteurs aériens bien établis dans le Golfe, le ministre des Transports, Abbas Akhoondi, a déclaré dimanche que le renouveau iranien rétablirait "un équilibre naturel" dans la région et il a exhorté les étrangers à investir.
"Je vous prends les mains en signe d'amitié", a-t-il dit à un parterre de 300 compagnies aériennes, fournisseurs, loueurs et banquiers lors d'une conférence (CAPA Iran Aviation Summit) qui avait lieu à Téhéran.
Les puissances occidentales ont levé la semaine dernière les sanctions internationales qui frappaient l'Iran pour autant que ce dernier se conforme à un accord conclu en juillet 2015 et encadrant ses ambitions dans le nucléaire.
Abbas Akhoondi a dit à Reuters que l'Iran ne redoutait pas la concurrence des transporteurs aériens étrangers et qu'il jouissait d'avantages concurrentiels de par sa géographie.
Il a précisé que Téhéran donnerait la priorité au développement de la compagnie publique Iranair, tout en soutenant l'émergence de compagnies privées.
Le nombre de commandes potentielles de l'Iran a progressé dans le courant de la première journée de la conférence. Un responsable iranien a dit à des délégués que l'Iran était près de commander 127 appareils à Airbus (PA:AIR). Une première estimation s'arrêtait à 114.
A ce nombre, il faut ajouter 40 ATR turbopropulsés.
Le vice-ministre des Transports, Asghar Fakhrieh Kashan, a dit à Reuters que l'Iran avait provisoirement accepté d'acheter huit très gros porteurs Airbus A380, livrables à partir de 2019.
Téhéran compte également acquérir 16 A350, le dernier-né des longs courrier européens, a-t-il ajouté.
Un autre responsable iranien a déclaré que les discussions, qui semblent s'être accélérées dans la mesure où le président Hassan Rouhani est attendu en Europe cette semaine, portaient sur 45 courts courrier A320 et jusqu'à 40 A330.
Si elle était confirmée, une commande de cette ampleur vaudrait plus de 20 milliards de dollars (18,5 milliards d'euros) au prix catalogue.
En raison des délais d'attente pour les avions neufs, l'Iran compte également acheter quatre longs courrier A340 en seconde main, immédiatement opérationnels.
Airbus a dit qu'il était disposé à poursuivre des négociations en conformité avec le droit international. L'avionneur européen n'en a pas dit plus.
BOEING INVITÉ À NÉGOCIER
Selon des délégués, ces annonces semblent destinées, outre de souligner le potentiel économique de l'Iran, à encourager Boeing, absent de la conférence de Téhéran, à ouvrir des négociations officielles.
Le vice-ministre des Transports déclaré à Reuters que l'Iran était prêt à acheter une centaine d'appareils au constructeur américain. Boeing de son côté a dit qu'il étudiait les dispositions à prendre pour traiter avec l'Iran, qui reste assujetti à des sanctions américaines toujours en vigueur.
L'Iran dit depuis longtemps qu'il doit rafraîchir sa flotte vieillissante, qui a beaucoup souffert de la pénurie de pièces de rechange en raison des sanctions commerciales imposées par les Etats-Unis et les pays occidentaux.
Mais la masse de précisions commerciales, techniques et légales données a pris certains des délégués étrangers de court. "Les choses évoluent plus vite qu'on ne le pensait", a dit Bertrand Grabowski, un responsable de la DVB Bank allemande, ajoutant que l'Iran a mis sur pied un régime réglementaire comparable à ceux en vigueur en Europe.
Plusieurs patrons de compagnies aériennes ont toutefois fait remarquer que les projets de croissance iraniens dépendraient de la construction de nouvelles infrastructures et du déploiement de gros efforts en matière de formation. Abbas Akhoondi a précisé que Téhéran comptait accorder sous un peu un contrat d'expansion de l'aéroport international de Téhéran.
(Avec Nadia Salim, Wilfrid Exbrayat pour le service français)