Le Brésil a vu son Produit intérieur brut (PIB) se contracter de 0,8% au troisième trimestre par rapport aux trois mois précédents, soit le septième trimestre consécutif de repli, l'incertitude politique n’incitant pas les investisseurs à la confiance.
Ce résultat, annoncé mercredi l'institut brésilien de géographie et statistique (IBGE), est légèrement meilleur que les prévisions des 50 économistes consultés par l'agence Bloomberg qui prévoyaient un repli de 0,9%.
Au deuxième trimestre, le produit intérieur brut avait reculé de 0,4%.
Par rapport au troisième trimestre 2015, le PIB de la plus grande économie d'Amérique latine a reculé de 2,9%, soit le dixième repli consécutif selon ce paramètre.
Le pays fait face à sa pire récession depuis plus d'un siècle et les attentes du marché se sont dégradées ces dernières semaines, malgré les efforts déployés par le gouvernement conservateur de Michel Temer pour accélérer sa politique d'austérité afin de restaurer la confiance des investisseurs.
En 2015, l'activité économique du Brésil avait reculé de 3,8% et pour 2016, le repli devrait être de 3,5%, selon la dernière enquête, réalisée chaque semaine par la Banque centrale du Brésil avec une centaine d'analystes et d'investisseurs. Pour 2017, il est prévu une faible croissance, de l'ordre de 1%.
Ces projections étaient plus optimistes que celles du FMI, qui tablait sur un très léger hausse du PIB en 2017 à 0,5%, ou de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui mise sur un croissance nulle l'année prochaine de l'économie de ce géant d'Amérique du Sud.
- Accélération des réformes -
Par rapport au trimestre précédent, le PIB industriel a diminué de 1,3%, celui de l'agriculture de 1,4% et celui des services de 0,6%. Dans le secteur industriel, seules les activités minières ont enregistré une hausse de 3,8% "tirées par l'extraction du pétrole et du gaz naturel", a expliqué l'IBGE.
La consommation des ménages a régressé de 0,6%, soit également le septième repli consécutif. Les dépenses du gouvernement se sont également contractées de 0,3%.
"Il y a eu une décélération du crédit et du marché du travail, ce qui laisse supposer que la rétablissement de la consommation va prendre du temps", a déclaré à l'AFP Ignacio Crespo, économiste de Guide Investimentos.
Dans ce contexte récessif, les exportations ont déclin de 2,8% et les importations de 3,1%.
L'annonce de ce nouveau trimestre de repli intervient quelques heures avant l'annonce de la banque centrale du Brésil (BCB) qui devrait à nouveau abaisser son taux directeur mercredi soir, actuellement à 14%.
Les opérateurs de marché misent majoritairement sur cette baisse, en dépit de la profonde récession économique, la plus forte en plus d'un siècle.
"Notre projection est une baisse de 25 points de base (0,25 point de pourcentage). Avant on projetait 50 points, mais il y a des facteurs externes, comme la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis, qui ont renforcé le dollar", a déclaré à l'AFP André Perfeito, économiste en chef de Gradual Investimentos.
Les investisseurs attendent avant tout que l'horizon politique s'éclaircisse au Brésil, avec une accélération des réformes promise par le président Moichel Temer et que les révélations de l'empire Odebrecht sortent au grand jour.
L'ex-président du plus grand groupe de BTP du pays, Marcelo Odebrecht, et des dizaines de cadres de son entreprise sont sur le point de boucler un accord de collaboration avec la justice dans l'explosif dossier de corruption Petrobras.
Le Sénat brésilien a approuvé mardi en première lecture une mesure prévoyant de geler les dépenses publiques pendant 20 ans, mesure phare du gouvernement de Michel Temer, qui a généré des manifestations à Brasilia où des protestataires ont affronté la police.